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                           THIERRIAT                       363

   sous cette brillante parure, ces nobles souvenirs avaient
  plus de chance d'échapper à la destruction ; qu'en tom-
  bant entre les mains ignorantes de la populace, en temps
  de pillage et de révolution, ils attireraient l'attention par
  leur riche reliure et seraient conservés par esprit de cupi-
  dité. Thierriat parcourait et lisait, en les décousant, ces
  vieilles et naïves légendes, ces vieux romans de chevale-
 rie , et avait conservé dans sa mémoire des histoires
 d'amour, de fidélité, de courage, d'héroïsme et une foule
 de récits amusants ou touchants qui avaient frappé sa
 jeune imagination.
     Quel fut le sort de cette splendide collection? Elle orne,
 dit-on, la bibliothèque de Westminster. L'hiver de 1829
 fut très-rigoureux ; il fit périr, en Provence, un grand
 nombre d'oliviers. Kevoil, dont la femme était d'Aix, où il
 possédait une belle propriété, grevée sans doute d'hypo-
 thèques, fut cruellement éprouvé. Pour faire honnenr à
 ses engagements, il dût se résoudre à vendre sa chère
bibliothèque. Il l'offrit à Paris, au ministre de l'instruction
publique ; mais, soit ignorance de la valeur artistique et
historique de cette collection, soit insuffisance de crédit,
soit refus d'en ouvrir un spécial, car la Chambre des dé-
putés n'était pas douce aux derniers ministres de la Res-
tauration, l'offre de Revoil, malgré la modestie de ses
prétentions, fut repoussée, et l'on dit qu'en 1830, ce fut
l'Angleterre qui mit la main sur ce trésor. Revoil n'eut
même pas tout le bénéfice de cette vente ; il fut réalisé
par un intermédiaire. Mon père m'a dit que ces reliques
nationales décorent maintenant le palais des rois d'Angle-
terre.
    Revoil (1776-1842) fut l'une des plus nobles figures de
notre ville, et c'est avec raison que le buste en marbre de cet
artiste orne enfin notre galerie lyonnaise. Son influence