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33'< LES BIBLIOTHÈQUES DE LYON La Révolution le supprima implicitement par un décret des 2 et 11 septembre 1790, portant que les hommes de loi, ci-devant appelés avocats, ne devant former ni ordre ni corporation, n'auront aucun costume particulier dans leurs fonctions. « Pas une seule voix ne s'éleva dans l'As- semblée constituante pour défendre l'Ordre ; — dans cette Assemblée siégeaient cependant les Tronchet, les Targ-et, les Camus, les Treillard et Samson, alors le bâtonnier de l'Ordre Ils courbèrent la tête...., comme la courbent trop souvent les hommes les plus éminents , au bruit des commotions politiques, et qui laissent faire Les défenseurs officieux remp'acent les avocats. (Loi du 15 décembre 1790.) Mais, dépourvus qu'ils étaient de notions théoriques par la fermeture des Ecoles de droit, ils ne rappelèrent en aucune manière cet éclat qu'avaient eu les anciens avocats constitués en compagnie. Ce ne furent plus que de rapaces faiseurs d'affaires, dont les honnêtes plaideurs refusaient le concours et le ministère insuffi- fisants. Le temps des défenseurs officieux fut heureusement très-court. La loi du 22 ventôse, an XII, dut rouvrir les Ecoles de droit et prescrivit la iormation à \m tableau des avocats près chaque tribunal. — Les avocats ne furent ce- pendant pas satisfaits de cette loi. Elle contenait, comme celle de 1810 qui la compléta, des défiances contre eux, car Napoléon I er , alors omnipotent, et qui redoutait les traditions indépendantes, écrivit alors à Cambacérès : « Le décret est absurde, — il ne laisse aucune prise, aucune action contre eux. — Ce sont des factieux, des artisans de crimes et de trahisons. Tant que j'aurai l'épée au côté, jamais je ne signerai un pareil décret. — Je veux qu'on puisse couper la langue à un avocat qui s'en sert contre le gouvernement. »