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324              LES BIBLIOTHÈQUES DE LYON

 de notre ville, se qualifiait de noble. Mais quand les
 usurpations des qualifications nobiliaires devinrent par
 trop criantes et portèrent un trop grave préjudice aux
 finances royales, par suite des trop nombreuses exemptions
 de la taille, la royauté s'émut un jour de cette situation,
 et voulut faire cesser cet abus. (Tétait en 1692. Un com-
 missaire fut nommé par le gouvernement pour rechercher
 les faux nobles et les poursuivre, et cet agent remit ses
 pouvoirs à un avocat, Charles de la Tour deBeauval,
 lequel donna assignation à un certain nombre d'avocats
 et de médecins de Lyon, à comparaître devant M. d'Her-
bigny, commissaire départi en la Généralité de Lyon,
pour se voir condamner, chacun, à 2,200 livres d'amende
 « pour avoir pris la qualité de nobles dans plusieurs ac-
tes. » Cette poursuite eut un grand retentissement.
    Tous les avocats, comme tous nos médecins, prirent
fait et cause pour leurs confrères incriminés, et un pro-
cès s'engagea. Les parties présentèrent mémoires sur
mémoires. On versa des flots d'encre et d'érudition ; on
fouilla dans les vieux auteurs, dans les recueils de juris-
prudence , dans l'histoire grecque et latine, dans celle
de Savoie, de Venise et d'Espagne, pour prouver « qu'il
n'y avoit en France ni loi, ni ordonnance qui défendît
aux avocats de prendre la qualité de noble. »
   Dans l'un de ces mémoires, on établit entre autres que
« le roi Charles V aimoit si fort les avocats qu'il alloit
souvent au barreau en robe longue, d'où il fut surnommé
l'Avocat. » — Et que sur le rapport de Froissard, il leur
donna la qualité de « chevaliers ez loix. » Dans d'autres
écrits, les défendeurs avancèrent modestement que la qua-
lité de nobles « ne pouvoit leur être contestée que par des
ignorants qui ne connaissent pas le mérite et la vertu, et
qu'en cela le jurisconsulte Belordeau, d'accord -avec la