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320 CHRONIQUE LOCALE. pensable complément. Lyon a produit assez de grands hommes pour qu'un statuaire lyonnais trouve à exercer son ciseau et son génie. Nous disons un statuaire lyonnais avec intention, car nous pouvons suffire aux exigences de l'art sans appeler des étrangers. Naguère, pour orner le théâtre des Célestins, Houbaud, presque un Lyonnais, avait eu le premier prix, Etienne Pagny, un Lyonnais pur sang, avait eu le troisième, Textor avait mérité une citation et ce ne sont pas les seuls; le palais du Commerce, notre Musée, et nos Eglises sont-là pour l'altester; c'est à eux et à eux seuls que nous voudrions qu'on fît appel pour orner notre cité. C'est encore à un Lyonnais que nous voudrions voir confier cette statue que l'Echo de Fourvière du 8 avril demandait avec tant de raison pour le grand chancelier Gerson. Pour celle-ci, l'emplacement est obligé, c'est l'église ou la place Saint-Paul, ce quartier vivifié par une gare nouvelle et illustré par l'humble et doux génie de l'auteur de l'Imitation. Qu'on le prenne à la tête de l'Université de Paris, qu'on le rêve au Concile de Constance, appui et défenseur inébranlable de la discipline ecclésiastique, qu'on le voie rêveur dans sa cellule, pro- duisant le plus beau livre qui soit dû à l'esprit de l'homme, puisque l'Evangile vient de Dieu, ou catéchisant les petits enfants du peuple, depuis la Saôneriejusqu'à Pierre-Encize, il n'en sera pas moins digne d'inspirer la main et l'imagination de nos artistes. A l'homme que nos ancêtres ont vénéré nous devons bien aujourd'hui une réhabilitation. C'est un devoir pour les Lyonnais d'y songer, c'est un sublime mo- dèle que nous offrons à nos statuaires. — Les ennemis de l'Eglise de Lyon n'ont pas encore accompli leur œuvre; notre beau diocèse n'est pas encore mutilé. La libre pensée espère et attend. Ce n'est cependant pas d'elle qu'on peut dire : 7s fecit cui prodest- Non, mais il ne lui en est pas moins agréable de profiter des chances qui lui sont généreusement offertes. — Le Conseil municipal a décidé, le 20 courant, qu'un bâtiment, destiné à recevoir nos Archives, pourrait être édifié quai Saint- Vincent, et a, dans la même séance, alloué 6,000 fr. à la Société littéraire pour la publication du Cartulaire d'Estienne de Villeneuve, précieux monument historique, dont un exemplaire serait offert par la Société'à chacune des bibliothèques de la ville. — Le tirage au sort de la Société des Amis-des-Arts a eu lieu, avec solennité, le 18 avril au palais Saint-Pierre. Des œuvres de mérite avaient été achetées par la Société. Le beau tableau de Pro- méthée, par M. Ranvier, a été acquis par la ville de Lyon. — Dans la répartition des tableaux du Louvre, deux toiles sont échues à la ville de Lyon : La Barque de saint Pierre, d'après Giotto, et le Tasse à San-Onofrio, par Robert Fleury. — Villefranclre a reçu les Vendanges h Amalfi, par Maigron. — On poursuit le projet d'une nouvelle salle de spectacle et de concert, sur l'emplacement de l'ancien théâtre de Bellecour. Des réunions préparatoires ont eu lieu dans les salons de M. Emile Guimet, qu'on retrouve toujours quand il est question de Science ou de Beaux-Arts et tout donne lieu de penser que notre ville sera bientôt dotée d'un monument qui répondra aux vœux du public. — Un autre espoir qu'on a de partout c'est que les beaux jours finiront par revenir; les pauvres n'auront plus froid, les riches iront en vill giaitire, et les malades courront à Aix-la-Belle, à Triage, à Vais, la Motte, Allevard où tout se prépare pour les bien recevoir. Lyon. — Imprimerie VINGTRINIER, directeur-gérant.