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288 MAUftES ET SARRASINS sins dans les gorges et les rochers de ces montagnes où ils s'étaient retranchés. D'après Ducange, Serre et Serrières sont latinisés Ser- rarius lapidorius; et Serrarium équivaut à collis, monti- culus. Il nous apprend aussi que sarrasin est l'équivalent de g-ueux, de bohémiens. Rien ne paraît moins prouvé que l'influence des Sarra- sins soit pour quelque chose sur la dénomination des lieux énumérés ci-dessus. Une faible analogie de son, jointe à certaines circonstances, a dû produire cette erreur. Il faut adopter, avec réserve toutefois, le Cœsarius comme le dé- nominateur de nos quatre lignes d'aqueducs et des ruines du théâtre romain de Fourvière. Cette réserve nous est imposée par ces mots de : Mûri Sarracenati que Ton trouve dans un manuscrit d'Etienne de Belle ville, composé vers l'an 1250 et déposé dans nos archives municipales. Ce précieux manuscrit nous a été communiqué par notre infatigable confrère, M. Guigue. Il a trait aux anciens monuments romains qui ornaient la colline de Fourvière. Cette expression de: mûri sarracenati, murs sarrasinés,ne saurait être que le synonyme de murs démolis, dépierrés, dérochés ; en un mot, un chira, une vraie carrière, où l'on venait prendre des pierres pour les constructions des maisons voisines. On découvre dans carrière le radical car, et dans chira, expression populaire, ce même radical adouci en cir et prononcé avec chuintement. Pour les fossés de Parilly, leur nom de sarrasinière, si l'on s'en réfère à cette étymologie dans le sens de pierres, cailloux, graviers, correspond à celui de gravière. En effet, pour qui a étudié cette plaine rocailleuse, rien ne ressemble moins à des fortifications, à un retran- chement, à un ouvrage militaire que ces fossés ou fragments de fossés, creusés, dit-on, par les Sarrasins, en