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MAURES ET SARRASINS ÉTUDE ÉTYMOLOGIQUE. ii Les Maures et les Sarrasins ont laissé dans l'imagina- tion de nos pères une ineffaçable empreinte de terreur, ou tout au moins de craintive superstition. Le souvenir de leurs incursions est demeuré vivant, surtout dans un grand nombre de dénominations servant à désigner des lieux qui offrent un aspect sinistre ou possèdent une réputation équivoque. Ces Barbares marchent de pair et on les confond vo- lontiers avec le diable, les démons et tous les mauvais esprits qui animent la mythologie populaire. Ils hantent les profondes cavernes et les sombres forêts. Leur nom, synonyme de brigand et de suppôt de l'enfer, était un tel objet d'épouvante pour nos aïeux que, malgré la succession des siècles, il est resté exécré. On leur attri- bue tous les crimes, toutes les horreurs, qui dramatisent certaines pages de l'histoire du Bugey, de la Savoie, du Dauphiné, du Lyonnais. Ce sont eux qui ont détruit les monuments que nous avait légués la civilisation romaine, qui ont fait disparaître de la surface du sol d'antiques cités dont on ignore même l'emplacement précis. Embus- qués à l'entrée des vallées, maîtres des principaux pas- sag-es des Alpes, entre la France et l'Italie, ils arrêtaient les caravanes, égorgeaient ou rançonnaient marchands et pèlerins. Ils étaient aussi redoutés dans nos provinces du Midi que les Normands dans les provinces du Nord.