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276 LES MARTELLANGE
sant ces portraits dans une même salle, visitée par
circonstance, que l'on peut remplir le but élevé que se
proposait Grognard, qui désirait, sans doute, que les
yeux de ses concitoyens et ceux des jeunes élèves fussent
frappés involontairement en parcourant nos musées ou
même à l'heure de leurs études spéciales.
C'est pourquoi les noms de Saint-Jean et de Dardel
s'imposent après Berjon et Revoil. D'autres, tels que ceux
de Perache (Antoine-Michel), Morand, Bonnet le chirur-
gien, Grobon, Petit (Marc-Antoine), devront avoir leur
tour.
Puis, pour mieux répondre aux intentions de Gro-
gnard, pourquoi ne pas répartir ces portraits ou bustes
dans toutes les salles du palais des beaux-arts, mettant
ainsi les images des peintres ou des statuaires près de
leurs oeuvres ou de celles des artistes qui ont excellé
dans la même spécialité ?
Les Etats-Unis d'Amérique se distinguent, dit-on, par
une ingratitude caractérisée pour les gloires de leur
pays. Nous comprenons que dans une démocratie abso-
lue, la jalousie, née de l'orgueil de soi-même et de celui
de l'égalité, ne puisse admettre une supériorité quel-
conque. Les masses populaires, en même temps qu'elles
s'éprennent à un moment donné de certains personnages
qu'elles entourent d'un culte irréfléchi, les couvrent
d'oubli lorsqu'ils sont morts et que cette immense popu-
larité ne répond plus à un certain mouvement politique.
L'histoire doit avoir une justice mieux réfléchie. Il
est mutile d'exalter des individualités surfaites ; il est
sage de rappeler les hommes qui ont modestement fait
plus que leur devoir.
Léon CHARVET.