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246 LES BIBLIOTHÈQUES DE LYON vers nos quartiers de la rive droite de la Saône si pleins de vie jadis, si tristes et si oubliés aujourd'hui. Explora- teur intrépide, il étudie chacune des vieilles habitations de ces lieux abandonnés par la foule élégante ; il sait les noms de tous leurs anciens maîtres, leur grandeur, leurs vicissitudes, et avec quelle fidélité il écrit ensuite leur histoire quand il est monté, courbé,à son quatrième étage: J'occupe mon esprit en faisant ce voyage. Je conserverai toujours un souvenir plein de charmes d'une exploration faite avec lui dans le quartier de Saint- Paul, autour de la vieille collégiale dont un autre de nos savants et féconds historiens, M. Guigue, vient de publier le Polyptique. Pour M. Saint-Olive, l'histoire de ce loin- tain et noir quartier n'a plus de secrets. Il la connaît comme s'il eût vécu aux temps éloignés où cette grande et cé- lèbre collégiale de Saint-Paul occupait une si belle place. A l'entendre raconter les légendes, les traditions de ce coin reculé de notre ville, on eût dit qu'il était le contemporain des faits qu'il me rappelait et des hommes dont il évoquait le souvenir. Il savait leurs anciennes de- meures , il indiquait la maison du chamarier, celle du custode et celle du prébendier, comme s'il les eût connus lui-même. Dans l'église, il me montrait leurs places dans le chœur, de leur vivant ; celle de leur tombe, après leur mort. Il savait même où le grand écrivain Gerson, l'im- mortel auteur de l'Imitation de Jésus-Christ, faisait le ca- téchisme aux petits enfants pauvres. Mais quels n'étaient pas sa douleur et ses regrets devant ces ruines immenses faites par la pioche des démolisseurs pour amener au centre de la ville le chemin de fer de Montbrison ! ! Chaque coup de marteau lui fendait le cœur, détruisait le charme de ses souvenirs, la poésie de ses rêves.