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ÉTYMOLOGIE DU MOT DIEU 205
conservé, rien emporté, rien su même des faits antérieurs
au cataclysme ; — c'est, si je ne me trompe, livrer, par sa
base, à la démolition du monde savant, l'édifice entier du
christianisme. Sans les deux faits primitifs de la chute ori-
ginelle et du Rédempteur promis, le christianisme ne peut
plus être en effet, aux yeux des libres penseurs, qu'un édi-
fice en l'air, ou reposant sur une fiction post-diluvienne
que rien ne justifierait dans la tradition des peuples ; édi-
fice aussi merveilleux, aussi prodigieux, aussi fécond en
miracles et, par conséquent, aussi impossible à expliquer
naturellement qu'on le voudra, mais manquant par sa
base ; — offrant une conséquence sans prémisses ; — une
rédemption sans chute à relever ; — le couronnement d'un
édifice absent.
Et, dans cette situation faite à la tradition primitive par
les dénégations de la science et le tacite assentiment de
ceux qu'elle traîne à sa remorque, — dire qu'il serait sans
profit d'établir scientifiquement, soit par l'étude comparée
des traditions et par le formel témoignage qui en résulte,
l'antériorité absolue de la tradition hébraïque à la pre-
mière division des jeuples et, par conséquent, à toute
autre histoire politique ou religieuse, me semble bien
hasardé ou trop peu réfléchi pour le moins. Vous me par-
donnerez cette critique, 'au-devant de laquelle vous sem-
blez d'ailleurs aller vous-même en me disant qu'un rédac-
teur de Revue ne peut trop se confiner dans une spécialité.
Vous n'avez pu donner que trop peujde temps à la question
dont il s'agit. Lorsque vos loisirs vous permettront un plus
mur examen, vous en jugerez autrement, j'en suis bien
sûr d'avance.
En résumé, mon R. Père, car il faut en finir, mon hypo-
thèse reste et restera debout jusqu'à ce que l'on ait renversé
la base sur laquelle elle repose, et base assez résistante, je