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200 ÊTYMOLOGISi DU MOT DIEU ai-je commis une de ces étymologies qui vous affligent si fort pour moi, comme ramenant à l'enfance de la linguis- tique? Mettriez-vous plus volontiers cette légende au nombre de celles qui réclameraient une explication phy- sique ? Mais en vertu de quel principe de critique la clas- seriez-vous ainsi? C'est bien à tort, me dites-vous, que je m'autorise des savants travaux qui ont fait reconnaître l'Ochus des au- teurs grecs, dans YUvahu des inscriptions cunéiformes, pour retrouver le nom de Noë (Noash, et, sous sa forme insensitive, Manoash), dans ceux du Manou des Indiens, du Mena de l'Egypte, du Minos des Grecs et autres. Car, ajoutez-vous, ces travaux portent sur les noms de person- nages de l'histoire positive, ayant imprimé sur le sol des traces profondes de leur existence (p. 281-23,26.) Mais, monR. Père, le personnage de Noas (soit Noash ou Manosth) n'appartiendrait-il donc pas à l'histoire positive, et son existence n'aurait-elle pas laissé des traces aussi profondes que celles d'un Ochus-Uvahu? Que ces traces, imprimées dans la tradition universelle aient été plus ou moins déna- turées, est-ce une raison pour les tenir comme non ave- nues, si d'ailleurs on peut les reconnaître encore? En est- ce une pour nier que l'étude comparée puisse nous dévoiler sûrement le patriarche sous des noms tels que Dio-Nysus ou Nyk-timus, Manou, Mena, Minyas et autres? Vous ne pouvez voir sans peine, sans une vraie peine, cette longue suite d'étymologies que je prodigue et qui nous reportent à la première enfance de la science philo- logique (p. 281-6), et je vous en remercie; mais comme vous n'appuyez d'aucun exemple cette condamnation en masse, ce sera donc à moi de prendre, de nouveau, une de ces étymologies affligeantes pour la mettre à l'épreuve. Voyons donc celle que j'ai indiquée pour le nom de Deucalion.