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LE 2 NOVEMBRE 1873 155 tisme qu'on place sous leurs yeux , comme un tableau d'honneur permanent, ce marbre, où demeurera à jamais gravé l'héroïque dévouement de leurs aînés. Telle a été en substance le discours de M. Dareste, qui a produit une profonde impression. Mais quel est cet orateur dont l'apparition soulève des ap- plaudissements unanimes? C'est Victor de Laprade, l'illus- tre poète, dont la gloire fait partie du patrimoine de la cité. Oui, sa place est bien là , au sein de l'Université en deuil, qui s'honore de l'avoir compté d'abord parmi ses enfants et plus tard parmi ses maîtres. Elle l'appelle aujourd'hui pour chanter ses patriotiques douleurs ; et le poète, bravant la souffrance qui l'enchaîne depuis si longtemps à son foyer, vient à son tour enseigner le devoir à la jeunesse, dans un hymne qui restera l'une de ses plus belles inspi- rations. Cet hymne est une couronne pour les morts et un drapeau pour ceux qui doivent les venger. Déjà pendant la guerre, au milieu de nos désastres, M. de Laprade a composé plusieurs pièces de vers dans lesquelles s'exha- lent son ardent amour de la France, sa haine implacable de l'étranger. Qui ne se souvient de cette ode fameuse adressée aux soldats et aux poètes bretons, vraiment digne du grand Corneille ? Le même souffle patriotique a inspiré les vers que M. de Laprade a lus au Lycée, le 2 novem- bre, sous ce titre : Morts pour la Patrie ! Nous regrettons que le défaut d'espace ne nous per- mette pas de les reproduire ici. Au surplus, ils sont dans toutes les mains. Mais ce qui a ému, transporté l'auditoire, c'est l'accent profond, la puissance oratoire extraordinaire avec laquelle ils ont été dits. Ils allaient au cœur de tous, et retentissaient en quelque sorte comme le clairon des batailles. Le regard, la voix, le geste de l'orateur, expri- maient le feu dont son âme était remplie ; et la foule »