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                       RUE DES AUCHERS                      131

Arts des tableaux que l'on est forcé d'y déposer,, faute de
leur trouver une place. Mais je m'arrête, et je ne veux pas
entamer un acte d'accusation contre l'administration du
célèbre Vaïsse, qui est presque une divinité dans le monde
utilitaire.
   Il ne reste plus le moindre souvenir archéologique du
quartier que je viens de décrire, et la suppression du passage
Couderc va achever de faire disparaître jusqu'aux dernières
traces de l'ancien état des choses ; mais il faut avouer que,
si l'on supprime le souvenir de Couderc, on le remplacera
par un coup d'air qui s'échappera de la place des Célestins,
et contribuera à l'hygiène de la récente rue des Archers.

   Pour couronner l'œuvre, on en viendra peut-être à sup-
primer le nom de la rue transversale de Saint-Dominique
par une appellation en rapport avec le socialisme contem-
porain. En 1793, après le siège de Lyon, on l'appela rue
Chalier : le susdit, né en Piémont, devint une des autorités
de la ville de Lyon. Il reçut alors avec enthousiasme une
guillotine qui lui fut envoyée de Paris, et fit exposer, sur la
place de Bellecour et ensuite sur celle des Terreaux, cette
machine du progrès. Pendant le siège, il resta à Lyon, et
fut arrêté par les Lyonnais qui le condamnèrent à mort,
pour le punir de ses cruautés. Le 26 juillet 1793, ce fut lui
qui fit l'essai de cette guillotine, dont la réception lui avait
causé un immense plaisir. Ensuite sa mémoire devint un
véritable culte dans le monde révolutionnaire, et les fana-
tiques portaient une médaille sur laquelle était gravé son
portrait.
   On pourrait aujourd'hui remplacer le nom de Saint-Domi-
nique par celui de Lacordaire ; en effet, ce dominicain a
illustré notre époque par ses idées républicaines, et il fut
nommé en 1848 membre de l'Assemblée nationale. Il avait
su allier les idées libérales avec celles de ses anciens con-
frères, les inquisiteurs, et cet amalgame de la République
avec l'inquisition peut paraître quelque chose de surprenant