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                     LES BIBLIOTHÈQUES DE LYON                 83

    Peu de jours après, Napoléon entrait triomphalement à
    Berlin et dictait au vaincu une paix honteuse, mais pleine
    de gloire pour la France.
       Mais si la Prusse était vaincue, écrasée, démembrée,
    elle pleurait avec son roi malheureux et ne le maudissait
    pas.... parce que la Fortune avait abandonné ses dra-
    peaux. Tous ses sujets l'entourèrent comme des enfants
    entourent leur père dans l'affliction,—et pas une voix dis-
•   cordante ne s'éleva dans cette immense et calme douleur.
    La Prusse se recueillit comme le fait un grand peuple à
    qui Dieu inflige un pénible revers, comme la Eussie s'est
    recueillie après Sébastopol.... Elle guérit ses plaies sai-
    gnantes, se cotisa pour payer sa lourde rançon, perfec-
    tionna ses moyens d'action, abandonna les systèmes su-
    rannés du grand Frédéric, adopta la stratégie de son fou-
    droyant vainqueur, réorganisa son armée détruite, et ani-
    mée d'un saint enthousiasme, elle ne désespéra pas de
    l'avenir.... L'avenir, en effet, lui appartenait, malheu-
    reusement !!!
       Déjà, le 18 octobre 1813, vers le soir de cette nouvelle
    et sanglante journée, deux empereurs et un roi, tête nue,
    les mains jointes et à genoux sur le sol rougi du champ
    de bataille de Dresde, remerciaient ensemble le Dieu des
    armées de leur triomphe sur l'envahisseur, trop témé-
    raire, de leur patrie allemande. Du nombre de ces souve-
    rains en prières et vainqueurs était Frédéric-Guillaume,
    le vaincu d'Iéna, et, en 1866, le fils de ce roi écrasait
    l'Autriche dans les plaines de Sadowa.
       Le 4 septembre 1870, l'armée française cernée dans Se-
    dan,foudroyée par l'artillerie prussienne qui l'avait tournée,
    tombait aussi, non sans gloire,—et l'empire français s'ef-
    fondrait comme s'était écroulée la monarchie prussienne
    à Iéna ; une regrettable présomption avait aussi causé sa
    ruine!!!