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BIBLIOGRAPHIE. 249 mérite, surnommé « l'excellent homme », érudit et homme de goût, qui est p^int de main de maître, puis, une déli- cieuse enfant, sa fille, Paule-Lucrèce, que le jeune écri- vain a placée dans un médaillon ravissant : — « Sa douce figure, dit-il, comme celle d'un ange béni, restera toujours entourée d'une sainte et poétique auréole. Avant qu'elle quittât son beau nom de jeune fille, pour prendre celui de Madame de Pontcharra, les paysans, dans leur admiration naïve, l'appelaient la Bonne Demoi- selle et les paysans disaient juste : Paule-Lucrèce était bonne d'une inépuisable bonté. C'est elle qui pendant ces froides journées d'hiver, où les champs sont tout blancs de neige, émiettait du pain dans la cour du château et faisait ouvrir .les fenêtres des salles basses, afin d'empêcher les pauvres petits oiseaux du bon Dieu de mourir de faim et de froid. « C'est elle encore qui, pendant l'automne, invitait les enfants du village à venir cueillir des fruits dans les ver- gers du seigneur ; mais , timides comme on l'est aux champs, leô marmots ne la suivaient que de loin, et se bornaient à jeter un long regard de convoitise sur les beaux raisins qui pendaient aux treilles, les belles poires que le soleil colorait d'un reflet d'or, et les belles figues ridées qui penchaient mollement la tête. « Que faisait alors la noble fille? Elle abaissait les bran- ches de ses mains mignonnes, détachait autant de fruits que pouvait en contenir sa petite corbeille d'osier, puis, regardait du haut des murs la troupe joyeuse se précipiter avec frénésie sur les beaux raisins, les belles figues et les belles poires, se bousculer bruyamment et faire en un clin d'oeil place nette. « Oh! s'il y avait eu dans tous les châteaux de France une sainte femme comme Paule-Lucrèce et un digne homme comme Paul-César, peut-être que la Révolution n'eût pas amoncelé tant de ruines sur son passage, et que la liberté, 16 *