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168 FAMILLES CHEVALERESQUES « monseigneur Philippe de Nanteuil, monseigneur Imbert « de Beaujeu, connétable de France » Humbert se distingua dans cette guerre malheureuse et son nom revient à chaque pag'e, avec éloge, sous la plume de Joinville. A peine l'armée des croisés a-t-elle occupé Damiette, qu'on le voit se jeter sur les Sarrasins et les cul- buter, pour sauver un chevalier, nommé Gauthier d'Autrè- che, qui, emporté par sa bravoure, avait osé attaquer seul une troupe d'infidèles. Arrivée sur les bords du Thanis, l'armée chrétienne dut s'arrêter longtemps, mais Humbert se fit désigner par un arabe, moyennant 500 besants d'or, un gué qui permit à la cavalerie de gagner la rive opposée. On sait avec quelle folle témérité Robert d'Artois se préci- pita à la poursuite des Sarrasins, jusque sous les murs de Mansourah, où il trouva la mort. Plus heureux que ce prince, Humbert de Beaujeu put s'ouvrir un passage à tra- vers les masses ennemies et rejoindre le roi qu'un pont fort étroit séparait seulement des Sarrasins. Avec l'aide de Join- ville et de quelques écuyers, le vaillant connétable put dé- fendre ce passage et sauver le monarque (8 février 1250). Mais deux mois plus tard, ce prince tombait aux mains des musulmans et Humbert partagea son sort (6 avril 1250). Le sire de Beaujeu fut conduit à Damiette, dans une galère, avec Joinville, Pierre de Bretagne, Guillaume de Flandre et plusieurs autres chevaliers. Arrivé dans cette ville, il tomba malade et mourut le 21 mai de l'année 1250. Suivant ses désirs, son corps fut transporté à Cluny, où il fut inhumé dans le tombeau de son père. Il fut remplacé, dans les fonc- tions de connétable, par Gilles de Trasignies, dit le Brun. (Joinville. — Aubret, I, 481, 484, 500, 503. — IV,189. — Guichenon, Histoire de Bombes, 1,196, 198. — De La Roche- Lacarelle, Histoire du Beaujolais, I, 88 et s. —• La Mure, I, 240. — Roger, 251. — Annuaire de la Société de Vhistoire de France, 135.)