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164                      VICTOR DE LAPRADE
      Vcr3 la beauté qu'on cherche on s'avance d'un pas ;
      On touche à l'idéal,"on ne l'habite pas. »

      Si tu restes vaillant et fidèle à ta foi,
      La tour et ses jardins se rouvriront pour toi,
      Jour et nuit, sur ton œuvre attentive et penchée,
      Par les regards du cœur je te reste attachée,
      Et toute à préparer les fêtes du retour,
      Si lointain que tu sois, je t'attendrai toujours. »
      — « Adieu ! j'obéirai

      Reposé dans l'amour, je me lève assez fort
      Pour ne plus désirer ni redouter la mort.
      J'ai contre l'ennemi, j'ai de plus que mes armes
      Ce pieux talisman qui rompt les mauvais charmes,
      Ce chapelet de buis
      Où le fer ne peut rien ; il sera ma défense. »

   Bayard, sellé pour le combat, hennissait au pied de la
muraille. Le preux s'élance sur lui ; il fuit, il fuit, sans
regarder en arrière. Quand il reprit haleine, la tour était
bien loin ; la vie recommençait pour lui avec ses luttes et
ses dangers. Tout à coup on le revoit dans quelque lice
ouverte au droit vaincu. Il vient sans qu'on l'attende, et le
crime reçoit de sa main le châtiment qu'il croyait encore
éloigné.
   On dirait que, dans la composition de ce poème, l'auteur
a ramené sa pensée sur lui-même. Lui aussi s'est attardé
peut-être dans l'idéal et dans la solitude. Mais un jour, il a
entendu la voix qui excite l'homme au combat. Ami jusqu'à
la mort de la vérité proscrite et du droit méconnu, sans
savoir s'il peut, mais sentant qu'il veut, il s'arme de son
glaive ; le devoir, et ses batailles — pour continuer la mé-
taphore, disons plus, ses victoires sont Harmodius et les
Poèmes civiques.
      (A continuer.)                       Léandre BROCHERIE.