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VICTOR DE LAPRADB ET SON ŒUVRE POÉTIQ.UE (SUITE*) LES VOIX D SILENCE. U Parvenu au milieu de la route, le voyageur, quelquefois, monte sur la colline et promène un dernier regard sur le chemin parcouru. Il aime a revoir la maison qu'il a quittée, perdue dans le vague de l'horizon lointain ; les lieux où s'est e'coule'e la moitié de sa vie, tranquille ou agitée, et ce coin du ciel qui pour toujours va disparaître. Il veut puiser dans cette vue des souvenirs qui l'accompagneront a travers les sentiers nouveaux ouverts devant ses pas. Ainsi fait Victor de Laprade dans les Voix du silence. Il a fourni une course brillante. Dans son enthousiasme pour la nature, dans son sentiment profond des amours nobles et idéales, dans sa foi de chrétien pénétrée de tendresse, dans son culte des gran- des âmes, mortes ou vivantes, il a trouvé des inspirations dignes tour a tour de Platon et de Corneille. Pour compléter son oeuvre, le poète qui lui-même se sent parfait, va donner un autre cours a ses idées. Mais avant de s'élancer vers la région encore inconnue peut-être, il suspend sa marche triomphante. Son génie se recueille, se ressouvient et se (*) Voir les précédentes livraisons.