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LES BIBLIOTHÈQUES DE LYON 461 Les bibliothécaires ne furent pas oubliés, non plus, par les bourreaux. Le P. Boubier, dernier conservateur de la bibliothèque, monta sur l'échaffaud, le 18 février 1794. — Le 18 mars suivant, le vénérable P. Janin ne trouva pas grâce, non plus, devant ses juges, malgré ses quatre- vingts ans ; Billet, bibliothécaire et chargé de la direction de l'Observatoire du grand collège, ne fut pas épargné davantage... La bibliothèque était devenue une caserne des volon- taires qui se donnèrent le luxe de se chauffer avec les ouvrages les plus rares et les plus précieux, et le palais Saint-Pierre qui, pendant le siège, avait abrité les musca- dins, fut aussi converti en caserne. Recherchons maintenant ce que la Révolution sut faire de nos bibliothèques. Les députés envoyés par les provinces aux Etats-Généraux convoqués par Louis XVI étaient porteurs, on le sait, des cahiers dressés dans les réunions de leurs électeurs. Ces cahiers contenaient les vœux des réformes indispensables que réclamait l'état de décadence de la France, et on y avait exprimé généralement le désir de la suppression des ordres mendiants : mais les philoso- phes demandaient davantage : la religion étant un obstacle à leurs idées de désorganisation et de prétendue rénovation sociale, il fallait la détruire et commencer par la suppres- sion de tous les ordres religieux et monastiques quels qu'ils fussent. Aussi, dès le commencement de la réunion de l'Assemblée constituante qui renfermait cependanttant de lumières, mais trop de philosophes, on put prévoir cette suppression, ce qui était une première atteinte portée à la à l'insu de ses amis politiques qui tinrent à honneur de l'enfouir civilement. Ses sept enfants étaient morts misérablement. Qui ne voit là la main de Dieu ? 30