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NOTICE SUR E - L . - M . DATRIN. 305 e On reconnaît là les doctrines du xvm siècle, le disci- ple de Jean-Jacques, Diderot et Dalembert, Son stoï- cisme, du reste, plus affecté que réel, perce dans plus d'une lettre, surtout dans ce passage d'un compliment de condoléance, bien plus ultérieur, à une dame du Villard. « Dussiez-vous me regarder comme Geoffroi regarde les philosophes, je ne puis me dispenser de m'applaudir de ma résolution de ne m'attacher à rien. Tout me prouve que ce qu'on aime cause plus de peine que de plaisir, et cela même dans l'âge où l'on trouve les dédommagements dont le cœur est susceptible. Que sera-ce donc dans celui où arrive le mois de novembre de la vie, où l'on ne retrouve plus que des épines sans les roses ? » Notre savant retiré dans un coin de la capitale, dans une petite habitation du faubourg Saint-Marceau, profita de ses loisirs forcés pour mettre ses herbiers en ordre et se recueillir. En relations avec des personnages éminents dont il ne voulut retirer aucun profit personnel, il agrandit son esprit par la culture des lettres, l'étude des langues anciennes, méditant sur les vicissitudes humaines et pré- voyant les orages qui menaçaient l'horizon. La Société d'histoire naturelle — par l'organe de Fourcroy, Lelièvre , Forster, Giroud, Gillet-Laumont, Lefebvre, Pelletier, Lermina, — publia, le 1er juillet 1791, son rapport sur la collection de minéraux rapportés de Sibérie et offerts au muséum national : elle décerna des éloges mérités à celui qui avait sacrifié tant de fortune et de temps pour une œuvre digne de récompense, et au nom de laquelle il ne réclama jamais. Mais sa modestie ne put le préserver de l'obscurité. Sa ville natale se souvenait de lui, de ses débuts, de son civisme. La Révolution avait sonné. Les idées nouvelles en germination depuis longtemps, allaient éclore. Le