Revue du Lyonnais » série 3 - n°18 ( 1874 ) » pp.014

 H                     LE PALAIS SAINT-PIERRE.

de Minerve et de la Concorde. Aujourd'hui cette cour est
plantée d'arbres, sablée et l'eau du Rhône murmure dans
un bassin au milieu duquel se dresse une fontaine com-
posée de débris gallo-romains.
   Au rez-de-chaussée, entre les locaux loués par l'abbesse
à des particuliers, se trouvait dans le bâtiment au fond de
la cour la grande salle qui> depuis la Révolution, a servi
longtemps de Bourse et où se tiennent, à présent, les
conférences littéraires. A l'origine, c'était le grand réfec-
toire (,l'abbaye. Å’uvre de l'artiste Thomas Blan-
chet, elle fut décorée avec la plus grande magnificence.
La Révolution a oublié de la saccager ; — on y remarque
encore de nombreux groupes de statues représentant les
vertus monastiques, la Charité, la Science et la Pureté. —

   (1) On dit qu'il est entré dans certains projets de restauration de
ce Réfectoire de faire disparaître ce qui reste des peintures de Cretey
et de les remplacer par une peinture décorative quelconque, imitant
 une tenture ou un semis de fleurons.
    Outre que ce serait là du pur vandalisme, on manquerait une
excellente occasion pour faire exécuter par un peintre lyonnais
une grande page de peinture monumentale, — occasion si rare à
Lyon-
   Ce qu'on devrait faire immédiatement, car chaque jour la dégrada-
 tion augmente, ce serait de commander, à un artists lyonnais habile,
 une copie réduite de ce qu'on peut voir encore de ces peintures, en
 s'aidant de lumières, d'huile, de lavages et même de grattages, puis
 de les restaurer entièrement en se servant, comme de guide, de
 cette copie réduite.
   On laisserait ainsi à'cette salle son caractère primitif et son ca-
chet original, puisqu'elle forme un monument de l'art lyonnais au
xviii8 siècle. Restaurons-la consciencieusement, fidèlement, sans vouloir
faire du nouveau, au moyen d'une couche de peinture légère et claire
sur les sculptures : le vaisseau de cet ancien réfectoire serait magni-
fique, sans qu'il soit indispensable de le moucheter de petits filets,
de tons plus ou moins rompus et de petits entrelacs grotesques