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                          ARCHÉOLOGIE.                           483

par une fidélité de ton, un sentiment du vrai qui donnent aux
dessins coloriés l'aspect brillant et lumineux des peintures céra-
miques : c'est le fac simile dans sa plus large acception. Le
trompe-l'œil y est parfois poussé jusqu'à l'illusion.
   A parcourir les feuilles de cet album, vivifiées par une enlu-
minura intelligente , on éprouve le charme singulier qui se dé-
gage de la contemplation d'une belle œuvre d'art. Et si la pensée
se reporte à trois siècles en arrière, au temps où le pavage de
Brou était dans toule sa splendeur, où l'émail aux couleurs vives
et étincelanles n'avait encore subi aucune altération, on com-
prend l'admiration naïve et profonde du vieux chroniqueur de
Savoie, le bon Paradin, pour ce chef-d'Å“uvre d'art industriel
« qui plaît et rid si fort aux regardans que Ion a quasi regret
de marcher dessus. » Que de beautés, en effet, dans cet admi-
rable ouvrage de terre ! et quelle variété de costumes et de por-
traits s'offrent aux yeux dans cette galerie nombreuse et choisie,
qui emprunte ses types aux personnages les plus marquants de
l'antiquité et de la fin du xve siècle ! Nobles dames, grands sei-
gneurs, demoiselles, gentilshommes, des cours de Savoie et de
France, contemporains du monument, y coudoient les célébrités
orientales, grecques ou romaines dont l'antiquité nous a trans-
mis les noms fameux. Des trophées, des arabesques , voire des
devises ornées d'un dessin Renaissance très-pur, alternent avec
les figures princicres que nous venons d'énumérer, apportant
dans l'ensemble de ce brillant concert lenr note harmonieuse et
élégante. Un encadrement de branchages entrelacés à la ma-
nière ogivale relie entre eux ces différents motifs et les fait jus-
tement valoir. Mais n'empiétons pas sur le texte nourri de re-
therebes curieuses que MM. Savy et Sarsay ont consacré à l'ex-
plication de chaque planche.
  Nous avons dit que l'église fondée par Marguerite d'Autriche
avait été terminée en 1336. Le carrelage est une des œuvres d'art
auxquelles on mit la main en dernier lieu. L'installation probable
de cet accessoire important, digne complément d'un édifice où
sont accumulées tant de richesses, dut suivre de près celle des
verrières. Antérieur, par conséquent, au pavement historié du