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                              DU SURNATUREL.                          35

      la peine de l'examiner, il trouve plus commode d'y voir une
      coïncidence curieuse ! En écrivant une pareille banalité, le sa-
      vant docteur a-t-il voulu faire rire? On serait porté à le croire,
      tant est puérile son explication ! Nous laissons aux hommes de
      bonne foi qui liront l'Examen médical le soin de juger de
     la logique de son auteur. Assurément, le surnaturel n'a rien à
     en redouter.
        Mais, il est temps de rentrer dans la question générale dont
     cette digression nous a éloignés. Voici d'autres adversaires plus
     sérieux avec lesquels il faut compter. Ceux-ci n'exigent point, à la
     vérité, comme M.Renan, pour certifier le miracle, un collège de;
     témoins imaginaires ; mais, en revanche, ils soutiennent qu'au-
    cun témoignage humain n'est capable d'attester le miracle. Et
    voici la manière dont ils raisonnent : « Tout miracle est une
    infraction des lois de la nature, et ces lois, étant établies sur
    une expérience ferme et inaltérable, la nature même du fait
    fournit contre le miracle une preuve aussi complète qu'il soit
    possible de l'imaginer. Or, cela posé, c'est une conséquence
    irrésistible qu'une pareille preuve ne saurait être détruite que
    par une autre qui lui serait supérieure; mais le témoignage n'é-
    tant point supérieur à l'expérience, il suit qu'un miracle, quel-
» que bien attesté qu'il soit, ne saurait jamais être rendu croyable.»
        Tel est l'argument de David Hume, dans son Essai sur les
    miracles ; et, il faut avouer qu'il se présente sous une physio-
    nomie spécieuse. Cependant, si l'on débitait cet argument tel
    quel à un homme sans instruction, mais doué du simple bon
    sens, qui viendrait d'être témoin d'un fait miraculeux, nous
    n'hésitons pas à croire que l'impression qu'en recevrait cet
    homme ne fût celle d'un grand étonnement. Quoi ! dirait-il, mes
    sens pourraient me tromper à ce point! Ce que j'ai vu et tou-
    ché, il serait possible que je ne l'aie ni vu ni touché, et qu'il n'y
    ait eu pour moi qu'une immense mystification! Quoi! je n'ai
    aucun moyen de me prouver à moi-même que cet aveugle qui
    voit ou ce paralytique qui marche soit vraiment guéri de son
   infirmité ! Cela me paraît plus incroyable que ce que vous me
   dites être réellement incroyable ! Et il se rirait de l'argument