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DU SURNATUREL. ' 447 religieuses que le hasard place sous sa main, elle ne les crée pas. Nous défions qui que ce soit de montrer que la politique ait jamais inventé une croyance religieuse. Encore une fois, si la croyance populaire aux oracles, aux prodiges et à la divina- tion ne venait pas de cette conviction intime que Dieu doit in- tervenir quelquefois dans les affaires humaines autrement que par les voies ordinaires de sa Providence, ce|te croyance, que l'histoire nous montre identique chez les nations les plus bar- bares comme chez les nations les plus civilisées, devient une énigme inexplicable. Et, ce qui achèvera de prouver que cette conviction était bien le principe sérieux et réel de la foi populaire aux merveilles de l'antiquité païenne , c'est la considération de ce que faisaient les hommes, en qui cette conviction avait été ruinée par la décou- verte que le charlatanisme des Aruspices et des Augures était la cause unique des merveilles qu'admirait le vulgaire. Que fai- saient-ils ces hommes? Eh bien, ceux-ci, comme Cicéron, niaient les attributs de Dieu, désespérant de les concilier avec ce qu'ils voyaient ; ceux-là , plus extrêmes, rompaient avec toute espèce de religion et se réfugiaient dans un scepticisme absolu. Les uns et les autres étaient conséquents. Ici, une objection se présente : Quoi! dira-t-on, vous voulez justifier la croyance chrétienne au surnaturel, .et vous appelez pour cela en témoignage la croyance païenne aux oracles , aux prodiges, à la divination? Mais ces faits ne produisant qu'un faux surnaturel, il s'ensuit que TOUS n'aboutissez qu'à une chi- mère, la preuve de la vérité par l'erreur. 11 semble, par ce que nous venons de dire, que cette objec- tion a déjà reçu une solution satisfaisante, puisque nous avons montré que la croyance populaire aux oracles, aux prodiges et à la divination ne reposait pas sur le charlatanisme dont s'en- veloppaient ces faits, mais bien, à l'occasion de ces faits, sur la conviction des peuples à une intervention extraordinaire de Dieu dans les affaires humaines. Toutefois, en se reproduisant sous ce point de vue, cette objection va nous fournir le moyen de rendre notre réponse plus complète et plus claire.