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MO                           BU SURNATUREL,
éternité les miracles ou les interruptions qu'il se proposait de
faire à ces lois dans la suite des siècles. Il n'est donc pas vrai
que Dieu, en faisant des miracles, ait changé de dessein ou de
projet, qu'il soit inconstant ou inconséquent (1).
     La troisième raison serait peut-être plus séduisante, mais
elle n'a pas plus de solidité que les deux autres. Oui, l'ordre
 constant et inaltérable de la nature prouve que Dieu existe et
 qu'il modère toutes choses avec une infinie sagesse. Le ciel le
raconte à la terre, et la terre, à son tour, le redit à l'homme,
 pour que celui-ci y réponde par des actes d'adoration et d'a-
 inour. Mais, il arrive, dans le cours des choses,certaines cir-
 constances où ce témoignage de l'ordre constant et inaltérable,
 si lumineux qu'il soit, ne suffit plus à éclairer la créature rai-
 sonnable égarée dans la perversité de ses voies. C'est alors
 qu'éclate le miracle. Ce phénomène de l'ordre surnaturel, en
 manifestant, d'une manière exceptionnelle la divine puissance,
 agit plus énergiquement que la vue de l'ordre constant et inal-
 térable sur l'esprit humain, pour le soustraire à l'erreur ou le
 ramener au bien. Et voilà pourquoi nous voyons paraître le
  phénomène surnaturel quand Dieu veut frapper quelque grand
  coup d'autorité. Tel qui est capable de résister au spectacle
  grandiose de l'harmonie des mondes, cédera devant le redres-
  sement d'un boiteux ; parce que l'influence du premier effet, di-
  minue par l'habitude, tandis que celle du second grandit par
  l'exception. Au reste, l'apparition du surnaturel n'est jamais
  si fréquente et si générale qu'elle puisse porter le trouble dans
  la constance de l'ordre providentiel ; elle n'est qu'un fait'local,
  rare et par là encore extraordinaire.
      Quant à la difficulté de l'opération en elle-même, nous ne
  pensons pas qu'on puisse la mettre sérieusement en question.
  Dès l'instant que Dieu a posé les lois physiques dans toute
  la plénitude de sa liberté, qu'il aurait pu en faire de diffé-
  rentes ou même d.e contraires, quelle difficulté y aurait-il
  pour lui à y déroger dans un cas donné? Un habile ouvrier,

     (1) Traité de la religion, t. m, p. 379.