Revue du Lyonnais » série 3 - n°15 ( 1873 ) » pp.432

432        GÉNÉALOGIE DES COMTES DE V1NTEMTLLE.

 monde, âins s'est contenté en sa condition médiocre.
    Ladite Yoland de Vintemille mourut à Nancy le sixiesme
 de iuillet mil six cens vingt et un, aagée de dix huict à
 dix neuf ans, entre les unze heures et la inynuict. Dieu
 l'avoit douée de beaucoup de grâces, tant du corps que
 de l'esprit, qui la rendoient grandement aimable à un chas-
 cun, outre une douceur, bonté et modestie extraordinaire
 qui l'accompagnoit et portoit à obliger un chascun et à ne '
 desobliger personne, fust par sa langue ou par ses actions,
 qui estoient tousiours accompagnées d'une grande rete-
 nue. Ceste mort causa un extresme regret à son bon père
 et à sa chère mère, qui l'avoient eslevée avec beaucoup
de soing et de douceur, à ce portez par son bon naturel
et par l'espérance qu'ils avoi'ent qu'elle seroit le soustien
 et consolation de leur vieillesse. Mais Dieu en ordonna
 autrement, leur faisant paroistre que les affections et es-
pérances attachées aux choses humaines re^emblent aux
glaces d'une nuict où il n'y a nulle certitude ny as-
seurance, et qu'en Dieu seul se trouve la fermeté, l'asyle
à tous nos maux et les plus fermes et solides consola-
tions. Car lors que ses père et mère pensoient à la lo-
ger et marier en une maison honorable, Celuy qui est
maistre de toutes les créatures la tira à luy et luy fit
payer le tribut ordinaire, laissant une grande désola-
tion dans la maison. Mais la belle et heureuse fin qu'elle
fit, et comme d'une saincte ame, servit grandement à
addoueir l'amertume de ceste perte. Elle receut' tous ses
sacrements, louant et bénissant Dieu avec des paroles ti-
rées du profond de son ame, qui consoloient infiniment
ceux qui la visitoient et les gens d'esglise qui l'assistoient
en ce dernier passage. En cinq iours elle communia deux
fois, et à la dernière qu'elle receut ce divin et tresauguste
sacrement pour viaticque, elle avoit le iourmesme faict