Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
 372                          »E LA VÉRITÉ.
  ment que l'équité naturelle consacre, car l'inégalité physique
  des hommes est telle qu'il serait puéril de la démontrer ; com-
  ment le nain pourrait-il se prétendre physiquement l'égal d'un
  colosse ? Comment un blanc et un uoir pourraient-ils prétendre
  à l'identité des couleurs ? Et tout le reste est semblable.
     Le christianisme a perfectionné la charité sociale en_ l'étendant
  aux douleurs des hommes ; mais tous les peuples ont connu
  cette portion de la charité « l'hospitalité » qui subvient à de
 pressants besoins.
     Quant à la gloire et à la grandeur, « ce n'est ni l'erreur ni
 a la vanité, ditBossuet, qui ont inventé ces noms magnifiques ;
 « au contraire, nous ne les aurions jamais trouvés si nous n'en
 « avions porté le fond en nous-mêmes. » (1) C'est qu'en effet,
 l'homme a nommé la gloire parce qu'il se sentait grand, comme
 il a nommé la modestie parce qu'il se sentait petit ; il s'est élevé
 comme il s'est abaissé, par une notion, par un sentiment de
 conscience ; car ici, notion et sentiment se confondent.
    Dès qu'un pyrrhonien m'affirme qu'il doute de tout, je con-
fonds son pyrrhonisme en affirmant qu'il doute ; et, par cette
affirmation qui me suffit, je l'écrase. S'il me nie l'existence des
corps et si je le frappe ou le pince, il se fâche ; mais quand il
se moque du sens commun, en niant le corps, je me moque de
sa sottise, en pinçant le sien pour le convaincre. Qui vit ja-
mais un pyrrhonien nier l'existence du corps jusqu'au supplice?
qui vit même un pyrrhonien tellement mépriser la calomnie
qu'il ne s'en prit pas au calomniateur ?
    Un pyrrhonien se refuserait-il,.au besoin, la police correction-
nelle ou des représailles contre un insulteur ? Le pyrrhonisme
n'est donc qu'un néant ; ce n'est qu'un jeu d'esprit de plus au
sein de cette creuse philosophie qui ne vit que de jeux d'esprit,
   la morale publique est le. travail de la conscience générale
déduisant, par la pratique de la vie, les conséquences correctes
des notions du juste dont Dieu doua l'homme en le créant. —
Les catastrophes sociales résultent de l'abandon des principes

  (1) Oraison funèbre d'Henriette d'Angleterre.