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                    NOUVELLE DAUPHINOISE.                  213
  maisonnette vers laquelle son amour l'attirait invincible-
 ment., pour tenir compagnie, ce jour là plus que jamais,
 à la jeune fille et à sa mère.
    Ses parents, il faut bien le dire, eussent désiré moins
 d'ardeur dans cette affection, parce qu'ils avaient rêvé
 une riche héritière pour leur fils, mais comme ils n'avaient
 que cet enfant, qu'ils ne voulaient pas contrarier, et qu'en
 fin de compte, Marguerite était un vrai trésor qu'on ne
 pouvait s'empêcher d'aimer pour ses qualités charmantes
 et sa beauté suave, les braves gens s'étaient volontiers
 résignés à voir venir le moment où Julien leur parlerait de
 demander, en son nom, la main de sa jeune amie.
    Quand des voisins fort complaisants, mais véritable-
ment ennuyeux, qui se mêlaient toujours de vouloir faire
des mariages, venaient leur dire : — Ah ! ça : nous con-
naissons un magnifique parti pour, votre fils!
    Ils répondaient, en hochant la tête:—Rien ne presse,rien
ne presse; Julien saura choisir, il a assez d'espritpour cela!
   Et les importuns ne gagnaient que leur désappointe-
ment, qui amenait un sourire jaune sur leurs lèvres.
   Comment ne trouverait-on pas qu'il est rare de voir
tant de raison désintéressée à la campagne? Mais les pa-
rents du jeune homme formaient une famille d'autrefois,
une maison patriarcale, et leur cœur parlait haut, lors-
qu'il s'agissait de leur enfant. Et puis, Marguerite était si
gracieuse pour eux, sans arrière-pensée, car elle n'en
pouvait avoir, avec son âme franche et naïve. Ils la consi-
déraient, depuis longtemps, comme. leur fille chérie ; ils
aimaient aussi beaucoup la bonne Marthe ; leurs deux
maisons n'en étaient qu'une.
   Quelquefois, une jeune paysanne, petite brune très-
éveillée, très-originale, mais pleine de cœur, et cousine
de Marguerite, venait remplacer un peu cette dernière
auprès de sa tante, afin qu'elle pût aller faire une prome-
nade avec Julien, ce que la pauvre mère désirait beau-
coup, dans l'intérêt de la santé de sa fille. Louise, tel était