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206 BEVOE DRAMATIQUE. entraînante dont il se déroule, tout son art à manier les voix et à faire manœuvrer les masses chorales. Un su- perbe sentiment poétique, une phrase mélodique des plus larges signalent l'air de la Mer, écrit pour voix de baryton. Ecoutez-y se dérouler la pensée musicale sur ces vers : La mer, partout la mer ! Desflots! desflotsencor ! L'oiseau fatigue en vain un inégal essor. Elle s'étend ample et descriptive et semble planer elle- même sur l'immensité de la plaine liquide. Ce bsl air, chanté par Faure, serait un vrai régal d'amateur. Le duo de l'Egypte est un peu long, mais offre d'excel- lentes choses. Rien de charmant comme la phrase de ténor écrite sur les vers suivants : L'Egypte ! elle étalait, toute blonde d'épis, Ses champs bariolés comme un riche tapis, Plaines que des plaines prolongent. Il faut relever, comme un autre trait frappant du talent intelligent de M. Guimet, la manière dont il porte la voix sur le mot prolongent, pour mieux donner son effet à l'idée de l'écrivain. Puis c'est le chœur Consacré aux ruines de Babel, restes attristés d'une folie grandiose. Enfin, c'est l'Intermède des villes maudites qui commence par des airs de danse vo- luptueux empreints d'un grand caractère, et se termine par les mouvements échevelés de l'orgie furieuse. Ce morceau qu'on a fait bisser, et qui est des plus remarquables, se trouve coupé d'une phrase de violon, dont la suavité eni- vrante est une caresse pour l'oreille. Malheureusement, le presto qui le termine et figure l'orgie est d'une vulgarité fâcheuse et qui jette une ombre sur ce beau tableau. — J'ai déjà cité le grand récit qui vient ensuite : La nuée éclate ! dont le choeur assume la plus grande partie. Il n'y a plus