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1S8 BIBLIOGRAPHIE. Le général lui fait donner des habits d'homme et en fait son page et son secrétaire. Il l'amène à Lyon, où les Huguenots régnent par la terreur. La jeune fille emploie son influence à calmer et modérer les passions brutales du vieux soldat, tout étonné de sentir une place vulnérable dans un cœur qu'il croyait solidement bronzé. La description de Lyon au xvie siècle a été traitée avec beaucoup d'habileté par M. Antonin Thivel, qui s'est plu à faire rovivre tous les grands personnages de cette époque féconde. Louise Labé, Pernette du Guillet, Clémence de Bourges jouent un rôle important à côté de Blacon, un des plus élégants et des plus dignes capitaines de la rude armée huguenote, de Montbrun, le rival de Beaumont, de Man- delot, de Maugiron, du célèbre abbé de Savigny, le digne et vénéré d'Albon, de Saint-Victor, le défenseur de Thizy, de Jean de Tournes, l'imprimeur. Avec une délicatesse et un patriotisme dont on doit lui savoir gré, M. Thivel venge Louise Labé des calomnies dont quelques historiens l'ont couverte et il la montre intelligente, ferme, dévouée et toujours prête à se sacrifier pour ses amis. A une époque aussi désolée que celle-là , ce n'était pas seulement la vie qui était exposée, l'honneur était aussi mis en jeu, et en voyant le capitaine Louis, comme on appelait la belle et vaillante cordière, monter à cheval et chevaucher jour et nuit, plus d'une langue se déchaînait, plus d'un brocard se lançait sans que le populaire se de- mandât si, dans ces équipées, il était question d'une aven- ture galante ou d'un sublime et magnifique dévouement. Tous ces personnages si divers s'agitent et se remuent dans des tableaux émouvants et passionnés. C'est la prise et la destruction de la célèbre et magnifique église des Maçhabées, dont le récit est fait avec vigueur et coloris, le siège de Thizy, qui ressemble à un poème avec ses épisodes et ses péripéties, la prise de Saint-Galmier, de Feurs, de Montrond, c'est surtout la prise de Montbrison et la description des affreux massacres qui la suivirent. Pour cette partie de son livre, M. Antonin Thivel, après s'être nourri des meilleurs auteurs et avoir consulté les do- cuments les plus authentiques, semble avoir emprunté la plume de Walter-Scott pour peindre, pour reproduire la lérocité du général, la magnanimité des victimes. Puis rassasié de sang, honteux, voyant devant lui la postérité prête à flétrir son nom, désavoué par Condé, remplacé dans son gouvernement, trompé dans ses espé-