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                   LES BEAUX-ARTS A LYON.                    103

 la dépravation du goût, de la couleur et du dessin ; les
 beaux-arts à Lyon, comme dans toute la France, sont
 envahis par le style Pompadour ; les artistes se plon-
 gent dans un monde fantaisiste qui n'appartient ni au
 monde idéal ni au monde réel. Un seul art échappe à la
 décadence et résiste dans une certaine mesure au torrent :
 c'est l'architecture. Et grâce aux architectes, l'Académie
 de Lyon devient le refuge des bonnes traditions de l'art ;
 on y disserte sur les principes vrais du beau et on les
.proclame dans d'excellents discours que nous sommes heu-
reux de rencontrer comme des protestations contre les
 théories mises en pratique.
    Toutefois, lorsqu'au dix-neuvième siècle, la réaction
 préparée par Vien et par David ramène les beaux-arts
 vers l'antiquité, on n'accepte pas à Lyon l'engouement
 pour l'art grec. On se préoccupe peu de l'idéal quand on
 est commerçant ; or, c'est le commerce qui appelle et fa-
 vorise lès arts, leur demandant de venir en aide à l'indus-
 trie. Si en dehors de cette application utile, la peinture
 cherche à produire des tableaux, elle se voit obligée, à
 cause du milieu dans lequel elle vit, de s'adresser à une
 bourgeoisie essentiellement réaliste ; ce ne sont plus les!
 lignes, l'expression, les types à créer qui la préoccupent,
 c'est le séduisant fini des détails et ce sont les effets de lu-
 mière ; elle se fait art d'imitation servile et de trompe-
 l'œil. Une heureuse révolution, vers le milieu du siècle,
 ramène le goût de la grande peinture à Lyon ; et c'est
 l'Italie qui, encore une fois, inspire cette réforme. Quelle
 en sera la durée ? portera-t-elle tous ses fruits ? les arts
 seront-ils appelés à se développer dans une société avide
 des plaisirs de l'intelligence et des pures jouissances de
 l'âme? Nous finirons en formant des vœux pour qu'il
 en soit ainsi.