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POÉSIE. 83 Et d'antiques manoirs où passa la tempête, Des vieux tombeaux perdus sous les tons argentins De la blonde Phœbé, compagne des ruines, Et des temples si grands et si majestueux Qu'ils semblent pleins encor de ces splendeurs divines Qu'en des siècles de foi rêvaient nos bons aïeux. N'êtes-vous pas poète, alors que votre plume Fait sortir de l'oubli tant de riches trésors ? C'est l'amour du pays qui vous guide; il allume En vous le vif désir de rappeler les morts, Et les créneaux moussus, parlant de leur courage, Les remparts d'autrefois, ces témoins des hauts faits, L'art gothique si pur, doux legs du moyen-âge, Ces fiers chefs-d'œuvre enfin que les hommes ont faits. Car souvent l'on dirait qu'il faut la main des anges Pour denteler ainsi ces murs audacieux, Ou que des séraphins, avides de louanges, En ont tracé le plan en descendant des cieux. Le style byzantin, moins svelte, a ses merveilles, Vous ne l'oubliez pas, car vous n'oubliez rien ; Et vous vantez les fleurs des plus humbles corbeilles, L'oiseau qui chante ici, Monsieur, le sait fort bien ! O vous qui devenez un Mécène à Valence, Le pays vous devra de la reconnaissance Pour vos doctes travaux et vos nobles élans ; Erudit, vous avez encouragé ma lyre, C'est pourquoi maintenant j'ai voulu vous écrire Qjielques vers qui s'en vont vers vous un peu tremblants. Adèle SOUCHIER.