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48 ARABES ET EABYLES. « qui voulait les entraîner dans la guerre sainte. Chose « étrange, ils portent presque tous une croix en tatouage « sur le front ou sur une des joues. » A ce sujet, citons ce passage d'un écrit de l'archevêque d'Alger. — Que portes-tu inscrit sur ton front ? demandait^on à un Kabyle. — C'est, répondit-il sans hésiter, le signe de l'ancienne voie. — De quelle voie veux-tu parler ? — De celle que suivaient autrefois nos pères. — Mais pourquoi l'as-tu gravé sur ton front? — C'est un signe de bonheur. — Et pourquoi ne suis-tu pas la voie de tes pères, puis- que c'est la voie du bonheur ? — Moi, non! Je suis musulman et je mourrai musul- man, mais mes fils mourront chrétiens comme leurs ancê- tres et mes petits-fils mourront chrétiens. Nous avons vu l'antagonisme qui a existé de tout temps entre les pasteurs et les cultivateurs. Nous avons vu que les uns amènent avec eux la barbarie et la pauvreté ; que les autres, au contraire, rendent florissants les pays qu'ils habitent. Enfin, reportant à l'Algérie le résultat de nos re- cherches, nous avons constaté qu'au lieu de s'appuyer sur les Kabyles agriculteurs on a tendu la main aux Arabes pasteurs. Concluons en souhaitant que,suivant l'exemple des Car- thaginois ou des Romains, on rende à l'agriculture et au commerce de l'Afrique le rôle brillant qu'ils ont joué .dan s l'antiquité. Emile GTOJET.