page suivante »
ARABES ET KABYLES. 45 cette époque, beaucoup de Kabyles venaient habiter les villes ; ils y acceptaient des emplois chez les particu- liers, ou se mettaient, en qualité de domestiques, au ser- vice de quelques riches maisons. Seulement, comme nos montagnards de la France, ils retournaient chez eux avec bonheur, emportant le fruit de leurs économies. La Kabylie ne fut point soumise par les Turcs, la con- quête n'est pas commode dans ce pays abrupte, avec ces indigènes fortement organisés et très-indépendants. Cons- tantinople, sans s'en douter probablement, fit avec ce pays de la colonisation romaine : elle acheta le blé et l'huile que produisent ses montagnes et les relations s'éta- blirent par voie d'échange. Lorsque nous avons voulu coloniser l'Algérie nous n'a- vons pensé qu'aux Bédouins et nous n'avons traité qu'avec eux. Grande imprudence. Nous avons encouragé le com- munisme des terres, fait des alliances avec les nomades et quant aux populations agriëoles nous leur avons offert les bienfaits de notre administration compliquée, en y ajoutant l'invention des bureaux arabes. Les Kabyles ont donc vu leur système municipal électif, auquel ils sont si attachés, remplacé par les satrapies orientales et la réglementation française. Aussi ne faut-il pas s'étonner de voir les révol- tes fréquentes en Kabylie. Il y a même cela de particu- lier qu'elles éclatent, surtout, toutes les fois qu'il est ques- tion de supprimer les bureaux arabes. Est-ce à dire que les indigènes seraient furieux de cette suppression ? Pas le moins du inonde. Mais comme l'on' croit, à grand tort, selon moi, que cette institution peut seule maintenir la tranquillité dans les montagnes de l'Afrique , ce ne sont que des soulèvements fomentés à propos , qui servent de démonstration à l'utilité des bureaux arabes en Kabylie. Et qu'on ne se méprenne pas sur la liberté et le genre d'indépendance que réclament les Kabyles et avec eux les Arabes nomades. Il s'agit moins pour eux d'une liberté