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          LE TABLEAU DU PÉHUGIN AU MUSÉE DE LYON.            21

     Examinons les raisons que l'on pourrait alléguer contre
  nos réclamations faites, du reste, avec toute la modération
  et toute la réserve que méritent ceux à qui elle s'adresse.
     Les faits que nous avons cités ne sont point niés par
  eux, ils en reconnaissent l'exactitude. Le livret du musée
  de Eouenles confirme. Mais pour se dessaisir d'un objet
  dont ils se sont fait honneur jusqu'ici, et dont ils ont
 trouvé en possession les établissements qu'ils dirigent, il
 leur faut des raisons justes et suffisantes, il faut leur prou-
 ver notre droit; et réfuter d'avance les deux seuls argu-
 ments sur lesquels ils pourraient se fonder pour établir la
 légitimité de leur possession.
    Dira-t-on qu'il n'est pas bien prouvé que ie Pape nous
 ait donné le tableau du Pérugin tout entier ? Mais ceci se-
 rait une accusation contre le Pape Pie vn, ce serait dire
 qu'il a, par cette donation partielle, approuvé, confirmé et
 sanctionné la mutilation la plus absurde, la plus inintelli-
gente dont les annales des Arts aient jamais fait mention ;
 ce serait accuser la mémoire du Saint-Père d'un acte de
vandalisme barbare. A qui pourra-t-on faire croire que
Pie vu redemandant ce tableau pour le musée qu'il formait
au Vatican, aurait consenti à le recevoir mutilé et tron-
qué ? A qui pourrait-on persuader qu'un Pape qui a relevé
les ruines du Colysée, restauré les Arcs de triomphe dans
Eome, fondé le musée du Vatican, celui du Capitule, et
reçu de l'Italie le titre de protecteur des Arts, ait pu tolé-
rer, approuver la mutilation barbare de la plus belle Å“uvre
du maître de Raphaël? Qu'un Pape qui, par amour de l'art,
a refusé de remettre dans les églises de Rome et de ses
Etats, les chefs-d'œuvre que les Français en avaient enle-
vés, et cela parce qu'ils n'y avaient été l'objet d'aucun soin,
aurait trouvé bien qu'on eût dépecé une œuvre de cette im-
portance, lui qui avait recouvré tous ses droits sur toutes les