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re -1870, par MIIe ESNAULT, médium. Paris, \872, Un Lyonnais bien connu, Pierre Dupont, remplissant un rôle important dans cette brochure de trente pages, j'ai pensé qu'un compte-rendu ne serait pas indifférent à ses compatriotes. Je n'ai pas l'intention de prendre parti pour ou contre le spiritisme, mais ce qui m'a frappé au milieu du désordre et de l'idiotisme de l'époque présente, c'est la mise en scène de Barbes , l'ultra- révolutionnaire, prêchant le calme et la modération. Le 31 juillet 1870, le médium féminin, auteur de la susdite brochure, reçut une communication de Pierre Dupont, décédé le 23 du même mois. Le célèbre chansonnier raconte que, dans le monde des esprits, il s'est trouvé en présence de Barbes qui lui aurait tenu ce langage : « J'étais trop enthousiaste sur la « terre; je voulais devancer le progrès; le progrès m'a brisé. « J'aurais voulu, dans mon impatience, hâter sa marche lente « et mesurée. Combien j'aurais trouvé de déceptions si j'étais « parvenu à mon ambition î Je ne voyais pas les entraves ap- « portées par ceux mêmes que je voulais émanciper Ils « s'exaltent au chant de la Marseillaise sans réfléchir que ce « sont eux qui sont les oppresseurs Lorsque la mort leur « aura rendu leur liberté spirituelle, ils écouteront la voix di- « vine qu'ils n'entendent pas aujourd'hui, parce que leur enve- « loppe charnelle s'étend comme un voile impénétrable sur leur » intelligence. » Je ne discuterai pas l'authenticité de cette communication de Barbes, mais il faut avouer que les idées en sont parfaitement justes. Quand on voit l'exaltation radicale marcher sans prudence le long du précipice démagogique, on se plait à reconnaître le sentiment raisonnable développé dans cette communication spi- rite, et l'on désirerait que le célèbre révolutionnaire pût faire pénétrer ses nouvelles idées au sein de nos populations égarées par des doctrines aussi niaises que perverses, lesquelles finiront par donner raison à cette grande loi morale qui gouverne le monde : reaction contre l'exagération. Pierre Dupont, après avoir parlé de son entrevue avec Barbes,