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               UNE ARRESTATION EN DAUPHINÉ.              467

 l'apparence, et eut l'étourderie plus grande encore de le
  croire plus que suffisant pour sa sûreté personnelle. Il
 partit donc, se hâta de louer quatre ou cinq vauriens
 qu'il appela ses gentilshommes, fit décrasser trois ou
 quatre jeunes mauricaudes, qu'il baptisa filles d'honneur,
 à leur extrême surprise, et, ayant juché le tout sur une
 douzaine de haridelles, chevaux, mules, genêts d'Espagne
 et autres menues rossailles du même genre, il amena
 clopin-clopant jusqu'à Embrun en Dauphiné ce qu'il lui
 plaisait d'appeler sa suite et ses équipages!
    A qui se serait trouvé à Embrun le jour de son arrivée,
et à qui n'aurait pas su pourquoi on y voyait tant de
monde, d'empressement et de tumulte, il eût été vraiment
facile de faire croire que l'on y avait crié : Les huguenots
se sauvent! ou : Le ieu est aux quatre coins de la ville !
Gens d'armes, milices, seigneurs, bourgeois et paysans
avec armes ou instruments pouvant en tenir lieu, c'était une
 cohue de gens qui criaient, juraient, se marchaient dessus,
pressaient et étaient pressurés, si bien que M. Le Clair
lui-mêmej qui les avait assemblés, en était tout scandalisé,
et qu'il ne pouvait s'empêcher de répéter tout haut en tra-
versant leurs cohortes : Je vois bien, Messieurs, que nous
n'avons plus rien à craindre de Monsieur de Savoie,
paroles qu'il leur tenait en forme de compliment, mais qui
étaient bien cuisantes au fond, en faisant allusion au
petit nombre qu'il en avait réuni l'année précédente,
lorsqu'il ne s'agissait pas d'arrêter quatre Espagnols
comme aujourd'hui, mais bien toute la chevalerie de Sa-
voie, qui nous arrivait par la montagne. Hélas ! il perdait
bien soii temps et sa méchanceté, ce brave officier, car
cette foule empressée avait d'autre occupation que de
s'amuser à l'entendre ; elle beuglait à ses sergents qu'il
fallait vite les bien aligner, et les plus couards parmi eux
n'étaient pas ceux qui poussaient le moins de cris ou se
privaient des gestes les plus terribles.,. Tout à coup, un
silence complet remplace ce vacarme ; M. le duc et sa pe-