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464 UNE ARRESTATION EN DAUPHIN^. gentilshommes de son escorte, une litière, cinq chevaux, quelques mulets pour ses bagages, etc., etc. M. le Duc viendra à Grenoble avec l'autre litière, ses gentilshommes, leurs cinq chevaux, qu'il faut bien mener à la ville, ne fût-ce que pour les vendre, etc., etc. M. Le Clair,qui songeait à tout,fi\t ajouter une note, mais qui, par décence, ne fut pas rédigée en article, ni armée comme les autres d'un grand chiffre. Voilà ce que M. de Saint-André écrivit sous sa dictée : « M. le duc de Gaétan « étant assez mal fourni en-espèces, d'après nos rensei- « gnements particuliers, et, d'un autre côté, le ministre « étant loin d'accorder des fonds pour cette entreprise, « M. le président autorise l'aide-major chargé de mettre « à exécution l'ordre d'arrêt de Sa Majesté à disposer en « faveur de M. le duc d'une de ces routes par étapes que « ledit major a le droit d'accorder aux dragons du roi, « lorsque Sa dite Majesté les envoie en chevauchée, et les « fait ainsi voyager pour les besoins urgents de son « service. » Si j'ai rapporté si minutieusement cette laborieuse tran- saction entre deux fonctionnaires d'un très-ancien régime, c'est uniquement pour peindre une époque dont il reste bien peu de vestiges ; je n'ai pas besoin d'avertir le lec- teur que les choses se passeraient tout autrement aujour- d'hui, et que M. le duc, si on l'arrêtait de nos jours, voyagerait entre quatre gendarmes, avec des frais telle- ment réduits qu'il n'y aurait besoin d'aucun détournement de fonds pour y faire face. Quand toutes choses furent ainsi agréablement et convenablement arrangées, M. le marquis alla, pour se distraire, au petit lever de M me la duchesse de Lesdiguieres, et M. l'aide-major, qui n'avait pas comme lui du temps à perdre, alla disposer tout son monde, chausser ses grandes bottes et seller ses chevaux pour Embrun, où nous arriverons avec lui pour là terri- ble arrestation qu'il avait à y faire. Mais je m'aperçois ici (et biea trop tard pour qu'il soit