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462 UNE ARRESTATION EN DAUPHINÉ. de ce genre, un petit amour-propre de possesseur dont on ne se rend pas bien compte, et que l'intérêt, quel qu'il soit, que l'on porte à une opinion diminue quand, au lieu d'opposition, elle est acceptée par quelqu'un qui en fait sa propre affaire ; ce qu'il y a de certain (est-ce tout simple- ment légèreté de sa part), c'est que le président, oubliant tout à coup le sens dans lequel il avait parlé d'abord, se mita dire, et cela quand personne ne s'y serait attendu, qu'il fallait bien cependant se résoudre à exécuter tout au moins une partie de l'ordonnance ; puis il ajouta d'un air nonchalant que s'il était des accommodements avec le Ciel.il en était certainement avec l'ordre d'un ministre; ce qui pouvait se dire au temps d'un cardinal, mais ne se- rait plus supportable avec un avocat ministre de nos jours. M. Le Clair ne répondit point à cette ouverture, mais il avait déjà le sentiment de cette nécessité, car les deux fonctionnaires se mirent de concert à civiliser à qui mieux mieux l'ordre de M^ de Mazarin ; et il ne faudrait pas con- clure de sa colère que le vieux soldat fût moins disposé à obéir que son supérieur, car, à tout bien prendre, cette commission, transmise de la sorte, avait pour lui un côté flatteur, et prouvait bien l'estime que le marquis faisait de son mérite, puisqu'il lui confiait une affaire qui était si • • délicate pour sa responsabilité, et si épineuse, qu'il avait > renoncé à la mettre à exécution lui-même, et préférait, pour sa réussite, l'action de son second, qui lui en sem- blait plus capable. Aussi, quand M. le président lui eut dit qu'il fallait commencer par emprisonner monsieur le duc, le major ne fit pas la plus légère objection, et répon- dit par un signe de tête qui pouvait être tout aussi bien un assentiment qu'une nouvelle grimace ; mais dès que l'on arriva à traiter l'article vraiment délicat, celui de la jeune duchesse, il se montrabienautrementintraitablequeM.de Saint-André ; élevé loin du monde, il avait appris à ses dépens à en redouter les jugements et les sarcasmes, et