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    UNE ARRESTATION EN DAUPHINÉ.



                                      Autre temps, autres mœurs.


    « Vous ferez vendre à l'enchère ses hardes et ses équi-
«   pages, vous me ferez parvenir tous ses papiers, et après
«   avoir fait enfermer M. le Duc dans l'arsenal de Greno-
«   b l e , vous laisserez retourner à pied et en chemise
«   Mme la duchesse, soit dans sa chère Espagne, soit dans
«   tout autre pays ennemi qui pourra lui être agréable.
                     « Signé : Louis.
                             « Plus bas :   MAZARIN,   premier Ministre, »

   Après l'avoir lu avec stupéfaction, l'ordre tomba des
mains du bon président de Saint-A.ndré sur le bureau de-
vant lequel il était assis ; un violent coup de pied en éloi-
gna son fauteuil à roulettes, et, oublieuse du bas de soie .
dont elle était ornée, une de ses jambes se croisa sur
l'autre, ce qui, je crois, ne lui arriva que très-rarement
dans sa vie...
   Ce moment d'accablement ne fut pas de longue durée ;
le président se releva comme se redresse un ressort, il
souleva sur sa tête son énorme perruque à la chanceliers,
et se promena à pas précipités dans la vaste bibliothèque
qui lui servait, comme on sait, de cabinet d'étude.
   On l'entendit bientôt soupirer; plus tard, il eut des
gestes d'impatience et des monosyllabes ; enfin, mais
plus tard, arrivèrent les paroles : Maudit cardinal !...
maudit ordre.'... maudite duchesse!... Et on le voyait
froisser dans ses mains agitées la lettre qu'il avait re-
prise, sans doute pour en faire une seconde lecture...