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394 NOTICE SUR M. L'ABBÉ JOUVE. avec ses arts et ses chefs-d'œuvre innombrables, véritable efflo- rescence du génie catholique, où tout respire la plus douce piété et la foi la plus ardente. 11 avait voué à cette bienheureuse époque tout son amour et toute son admiration. Afin de satisfaire son goût pour les beaux arts, M. Jouve par- courut successivement, avec son âme de touriste, les contrées les plus réputées au point de vue monumental : la France, l'Italie, l'Autriche, l'Angleterre, la Belgique, la Prusse et le nord de l'Al- lemagne. Il 'voulut voir de ses yeux et apprécier par lui-même tout ce qui a un nom dans les arts, toutes les productions les plus célèbres du génie humain; puis il rentra dans ses foyers, chargé d'un riche butin de notes et d'observations, recueillies dans toutes les bibliothèques (î), dans tous les musées et dans toutes les cathédrales de l'Europe, pour en composer, comme l'abeille du suc des fleurs, les nombreux et savants travaux qui lui ont assigné un rang si honorable parmi nos archéologues français. « Leur tendance générale, dit M. Rochas, nous a paru être de ramener les arts vers le beau, tel que l'idée chrétienne l'a inspiré dans les âges de foi, en le.dégageant des formes païen- nes, et de celles apportées par le prétendu progrès (2)», et prin- cipalement, ajouterons-nous, par la prétendue Renaissance, dont il réfute avec vigueur les principes et les tendances, et censure les productions les plus fameuses, sans égard pour les préjugés les plus accrédités, qu'il ne craint pas de heurter de front. Parmi (1) « M. Fétis n'a pas cité cent manuscrits de la Bibliothèque impé- « riale, dit quelque part M. Jouve, et j'en ai analyse plus de huit cents !!! a J'ai fouillé dans ce rkhe dépôt pendant près de cinq ans, tous les « jours. » Il dit ailleurs» qu'il a visité et compulsé en France les biblio- thèques de Laou, de Châlons-sur-BWne, de Dijon, de Montpellier, d'Avi- gnon, de Lyon et de Reims. C'est dans cette dernière qu'il a fait l'importante découverte d'un antiphonaire manuscrit contenant, quoique antérieur d'un siècle à lanaissance de saint Thomas d'Aquin, le chant du Lauda Sion appli- qué à d'autres proses; ce qui tranche définitivement la question agitée parmi les érudits, à savoir si le saint docteur était ou non l'auteur du chanj de sa belle prose. (2) Biographie du Dawphini, art. Jouve (Gustave).