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34                           POÉSIE.
          Tes yeux avaient un charme étrange,
          Rayonnant sous leur longue frange,
          Et rêvant quelque doux bonheur ;
          Sur ta peau blanche et satinée,
          On lisait ta fraîche journée        '
          Et ta lèvre était une fleur !

          Dans ton adorable sveltesse,
          Tu passais comme une déesse,
          Ton grand manteau de velours bleu
          Faisait ressortir ton visage,
          Comme une radieuse image
          Echappée au ciel du bon Dieu !•

          On devinait, tout en extase,
          Que ton cœur était un beau vase
          Rempli de parfums enivrants ;
          Le peuple aimait ton auréole,
          Ta mélodieuse parole;
          Le regard te suivait longtemps ! —

     Et voici qu'un amour sourit à ton aurore ;
     Quel est le chevalier que ton coeur a nommé,
     Tout bas, comme un secret qu'on cache et qu'on adore i
     Tu rougis quelquefois à ce nom bien-aimé...
     Ah.' qui t'eût dit alors, ma blonde Madeleine,
     Que bientôt il faudrait étouffer cet espoir ?..
     Un roi vient... pauvre enfant, l'on te couronne reine,
     Reine d'Ecosse, hélas! ton horizon est noir !..

     Et tu pars, le cœur gros, regardant en arrière,
     Et tes beaux cheveux d'or sont mouillés de tes pleurs !
     Tu te sentis brisée en ta douce carrière,
     La France avait gardé tes plus suaves fleurs.
     Tes rêves caressés, rêves de jeune fille ;
     Enfant, tu n'avais plus qu'un douloureux exil ;
     Sous ce deuil tu tombas, comme, sous la faucille,
     Tombe une blanche fleur que vit éclore Avril.

                                       Adèle SoucHiER.