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308                 UN AMOUR MALHEUREUX.
Quand un encens flatteur montera jusqu'à toi.
Tu sauras t'imposer à la foule ravie,
Renonce à m o i . . .
                            RA1MOND.

                    Jamais ! jamais !
                            BERÃHE.
                                     Renonce à moi !
Que le plaisir t'enivre et que longtemps encore
Le souffle du printemps te cause un doux émoi.
Vois comme il est serein, ce jour qui vient d'éclore !
Renonce à moi !
                           EA1MOND.

                    Jamais ! jamais !
                            BERTHE.

                                        Renonce à moi.
Oh    ! qui me les rendra ces jours de mon enfance,
Où    je courais joyeuse à travers les sentiers?
Où    mon front se parait de calme et d'innocence,
Où    j'aimais à cueillir la fleur des églantiers ?

Le ruisseau murmurait à travers la prairie,
La fauvette chantait sur un frêle buisson,
La colombe appelait sa compagne chérie,
Et moi je m'enfuyais dans les plis du vallon.

La cloche du village éveillait ma paupière,
Le son lugubre et lent me ramenait le soir ;
Et mes lèvres disaient une simple prière
Sous les ormes touffus où j'aimais à m'asseoir.

Reviendront-ils encor ces jours de mon enfance ?
Ne les verrai-je plus ces sites que j'aimais ?
Et cependant mon cœur a gardé l'espérance,
Et la voix du destin n'a pas dit : à jamais !