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304 UN AMOUR MALHEUREUX. BEETHE. Mais pourquoi d'un seigneur avez-vous l'équipage ? EAIMOND. D'un seigneur ? je le suis. BEETHE. Qu'entends-je ? Et ce langage, Cet humble vêtement que vous preniez le soir, C'était pour me tromper ? EAIMOND. Non, Berthe, pour vous voir. Pauvre je m'étais dit, je devais le paraître. Si vous m'aviez connu, vous m'auriez fui, peut-être. Aujourd'hui, rien ne peut traverser mon dessein, Et je viens TOUS offrir mon amour et ma main. BERTHE. Ah ! je vous reconnais maintenant, malheureuse ' Vous êtes l'héritier d'une souche orgueilleuse. Vous êtes fils, hélas ! du riche et vieux baron, Du seigneur redouté maître de ce canton. Et moi qui vous aimais ! EAIMOND. Vous, si bonne et si tendre ! BEETHE. Ah ! fuyez loin d'ici. EAIMOND. Berthe, veuillez m'entendre. Je comprends votre angoisse et vous en aime plus. Vous craignez qu'infidèle à vos douces vertus Je ne regrette un jour une illustre alliance ; Peut-être voyez-vous dans votre méfiance Quelque piège caché dans mes serments d'amour- Oh ! je vous aimerai comme j'aime en ce jour !