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UN AMOUR MALHEUREUX. 299 SCÈNE V. LE BARON DE ROCHEMORE S e u l . Et voici le sentier, et voici la forêt ! C'est ici qu'autrefois mon coursier s'arrêtait, C'est ici qu'autrefois, sous l'épaisse feuillée Elle m'apparaissait de pleurs toute mouillée, Pâle, pleurant sa faute, en proie au désespoir... Vingt ans sont écoulés, je crois encor la voir. Comme elle rougissait de honte et de tendresse ! Grand Dieu ! que de remords ont suivi sa faiblesse ! Rien n'apaise mon cœur et ne calme l'effroi Qui, depuis cet instant, s'est emparé de moi. Sous ce calme trompeur et sous ce front sévère, On retrouve toujours et l'amant et le père. Rien pourtant n'a terni l'écu de mes ayeux. Le fruit de nos amours, éloigné de ces lieux, A grandi, loin d'ici, sous les voûtes d'un cloître Ma fillej mon enfant ! je ne t'ai pas vu croître ! Ta mère est morte, hélas! en baignant ton berceau. Et mon fils, élevé, choyé dans mon château, Se serait pour lui seul réservé mes caresses? Non ! de par tous les dieux! point de lâches faiblesses! J'ai repoussé mon fils, je l'ai presque exilé; Depuis six mois à peine en ces lieux rappelé Je lui montre toujours un œil froid et sévère. Chacun de mes enfants me rappelle sa mère; A l'un tout mon amour, obscur et faible don, A l'autre, plus heureux, ma fortune et mon nom. Mon nom? Je vais enfin bientôt le voir renaître. A ce jeune insensé j'ai dû parler en maître ; Il résistait! Enfin, ce soir tout est fini. Et ton hymen aussi par moi sera béni, Ma fille, et dès ce soir ! Hâtons-nous, voici l'heure. Bientôt du vieux fermier j'atteindrai la demeure.