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LA PLACE BU CONSOLAT. L'amant de Lavallière, abruti par l'orgueil, Conduisait chaque jour la morale au cercueil, Au rôle de valet réduisait la noblesse, Et de ses successeurs préparait la détresse. Parmi tous les faux dieux de notre panthéon, Nous voyons s'élever le grand Napoléon Qui, follement saisi d'une rage canine, Voulait exterminer l'espèce masculine, S'il n'avait pas encor pour ses inimitiés Les fusils chassepot et les canons rayés, Il savait pourtant bien sur les champs de batailles Célébrer chaque jour d'immenses funérailles, Et l'homme de génie, entouré de flatteurs, Paraissait imiter le tigre en ses fureurs. La place Tolozan présente à notre vue Du citoyen Suchet la superbe statue, De Suchet qui, d'abord républicain ultra, Est devenu depuis le duc d'Albuféra. Un duc républicain! O combien je méprise Ces dupeurs qui, du peuple exploitant la bêtise, De sa crédulité se font un piédestal, Pour atteindre au sommet de leur vil idéal ! Mais je n'ose espérer qu'un si frappant exemple, De la saine raison ouvrant enfin le temple, Démasque aux yeux de tous les rusés charlatans, Qui font sans se gêner fortune à nos dépens. Si l'on parvient un jour à prémunir les masses Contre les appétits de ces bêtes rapaces, C'est alors qu'on pourra se vanter d'accomplir Un progrès véritable au sein de l'avenir. Si j'ai sévèrement, dans mes vers satiriques, Fustigé les héros de nos places publiques, Je rencontre à la fin le simple et bon Jacquart, Qui sur un piédestal attire mon regard.