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250 CHRONIQUE LOCALE. Donc, dimanche 22, à onze heures, un train spécial emportait une troupe nombreuse de médecins, ornée de quelques journalistes, qui pour être composée de notoriétés, d'illustrations et de célébrités, médicales ou autres, n'en était ni moins cordiale ni moins joyeuse. Grâce aux charmants wagons de la Dombes, on pouvait circuler d'un compartiment à l'autre et passer d'un vif et bruyant éclat de rire à une brillante discussion politique ou médicale. Rien de piquant comme la phy- sionomie de ces groupes où causaient, s'animaient et se passionnaient des médecins et des journalistes de France, de Suisse et d'Italie, parmi les- quels, il faut l'avouer, les Parisiens tenaient goîment le dé de la conver- sation. A Villars, le programme annonçait deux heures d'arrêt qui devaient être consacrées aux étangs. On se rend à la maison du garde où une Commis- sion, chargée de préparer les éludes, attendait le Congrès. On examine les préparations microscopiques faites par la Commission et à la suite d'expé- riences pratiquées avec le plus grand soin, on revient en apportant, dit-on, de la lièvre paludéenne en bouteilles. Les journalistes examinent les bocaux avec respect et recueillement et ont froid dans le dos. Quelques voyageurs vont visiter la Trappe du Plantay, où ils sont reçus avec la plus gracieuse affabilité par les Pères qui leur font les honneurs de l'établissement. On jette un coup d'œil sur les écuries qui renferment des sujets fort remarquables, particulièrement de race suisse. En somme, l'établissement du Plantay a fait faire un véritable progrès, daus la Dombes, à l'élevage du bétail. De leur côté, deux ou trois archéologues, rari nani.es, se dirigent vers l'antique château de la famille princiere et souveraine de Villars, château détruit comme tout le village, nous devrions dire toute la ville, par les soldats de l'implacable Biron. L'église n'est ni moins ancienne ni moins intéressante. Le portail et l'intérieur du clocher sont romans, l'abside et les chapelles sont gothi- ques. Deux inscriptions du xv e siècle sont bien conservées. On voit par- tout les traces du vandalisme ordonné par le général que Henri IV lâcha comme une bête féroce sur la Bresse et la Dombes. A trois heures, le convoi se remet en route et voilà le Congrès à Bourg. es! reçu à la gare par une députotion de docteurs, parmi lesquels MM. Dupré, ïiersot, Ebrard, Nodet, Berger et Brevet. — Qu'est-ce que cela? se disent les populations inquiètes. — Ça ? c'est un orphéon de médecins, répond un employé de la gare qui s'y connaît. Le mot a le plus grand succès. La foule médicale, l'orphéon dos médecins, puisque le mot est adopte, court à Brou. Là , les étrangers manifestent hautement leur admiration. Le chef-d'œuvre d'amour et de douleur de Marguerite d'Autriche émeut tous les visiteurs. Le lemps est peu sûr, l'heure du dîner s'approche ; on ne peut aller visiter l'emplacement d'où on tire, depuis quelques années, tant d'armes, de bijoux et d'ornements gaulois. De Brou on passe chez Bozonnet, autre genre d'attraction. Puis on re- vient en toute hâte dans la salle du banquet.