Revue du Lyonnais » série 3 - n°14 ( 1872 ) » pp.204

204               HISTOIRE DU CHATEAU DE VAREY.

ble d'arracher de leurs mains le patrimoine de ses ancêtres.
C'était la ruine, bien plus, c'e'lait la honte, et la flère ci-
tadelle dut tressaillir en entendant résonner les pas de
messires Diesbach, La Pierre, Patronel et Pétroman qui ve-
naient savoir par eux-mêmes si le gage valait le prêt. La
noblesse du Bugey s'en émut, la cour s'en inquiéta; on ne
pouvait pas laisser se déshonorer un des grands noms de
la Savoie. La famille, en premier lieu, s'interposa. Anne-
Françoise de Chalant, sœur d'Etienne-Philibert, n'avait pas
reçu la dot que son père lui avait promise en la donnant en
mariage à Claude de l'Aubespin, seigneur de l'Aubespin et
de Cessiat. Cette dot était hypothéquée sur Varey. Claude et
Philibert de l'Aubespin, issus de ce mariage, réclamèrent
et, s'adressant au souverain, firent valoir et leurs droits
de priorité et l'affront qui résulterait pour la noblesse si
une citadelle de cette importance tombait entre les mains
 d'une société d'usuriers.
    Emmanuel-Philibert le comprit, et prenant en considéra-
tion les services de la maison de Chalant (1), il acquit lui-
même, en 1560, le droit des prêteurs allemands, leur rendit
les sommes avancées et se mit en possession de Varey.
    Cette place était si importante sur la frontière, elle garan-
tissait si bien de ce côté l'entrée de la Savoie, que le duc en
élanl le maître voulut la conserver ; Claude de l'Aubépin dut

    (i) «Peu après fut conclue la paix de l'an 1559 entre les roys de France
 et d'Espagne, par laquelle on rendit 198 places où le roy tenoit garnison,
 et fut arresté le mariage de Marguerite de Valois sœur du roy Henry se-
 cond avec Emmanuel-Philibert duc de Savoye, auquel ensuite dudit traitté,
on rendit la Bresse. Bugey, Vairomey, la Savoye elle Piémont..            En
exécution de ce traité. Emmanuel-Philibert, étant à Paris , députa, le 8
juillet 1539, Ame, co.mte de Ciialant, maréchal de Savoye el chevalier de
son Ordre pour prendre la réelle possession de tous ses Etats.. » Guiche-
non, Histoire de Bresse et Bugey, p. 106.