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ÃŽ80                    LES BEAUX-ARTS A LYON.

dans les tendances de l'école. Là prédominent l'origina-
lité, la légèreté, la finesse des effets, la verve et la touche
spirituelle ; Bony et Dechazelle sont à la tête de la fabri-
que, Berjon, l'iniaiitable dessinateur, est professeur à
l'école (1). Ici apparaissent les grands façonnés, c'est-à-
dire les étoffes dont les dessins sont remarquables par la
noblesse et l'ampleur des compositions, par la vigueur du
coloris, par les larges effets, étoffes qui sont souvent des
merveilles de fabrication par l'habileté de la mise en
carte (2).
   N'y aurait-il pas une corrélation entre la manière dont
les peintres de fleurs comprenaient leur art et celle que la
mode imposait aux dessinateurs d'étoffes ? Qu'on compare
la génération qui entourait Dechazelle et Berjon aux
peintres de fleurs sortis de l'école depuis 1830, les Bail,
les Remillieux, les Gallet, les Saint-Jean (3) ; ce qui carac-
térise la seconde génération, n'est-ce pas la recherche de
l'effet, l'exagération de l'a forme, l'éclat du coloris, les
soins donnés aux accessoires, qui sont pour ainsi dire la
mise en scène dans un tableau de fleurs ?
   Nous retrouvons les mêmes contrastes entre les deux
époques lorsque nous considérons les portraits. L'habitude

    (1) Berjon, ancien élève de i'école centrale où professait Cogell et
de Varenne, est devenu professeur, en 1811; il succédait à Bony qui
n'était demeuré que très-peu de temps dans le professorat et était
allé à Paris, en 1810. On a vu que le décret de fondation de 1807 avait
désigné Barraban comme professeur de fleurs.
    (2) La mise en carte dans les manufactures c'est le woyen d'appro-
prier les ressources du tissage au dessin qu'on veut reproduire.
   (3) Ajoutons MM. Reignier et Maisiat qui ont au Musée lyonnais de
très-bons tableaux de fleurs ; et faisons remarquer que nous ne pou-
vons parler des artistes de notre temps qui vivent encore. L'historien
doit s'occuper des morts seulement, et c'est justice, ils sont si vite ou-
bliés de leurs contemporains !