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158               ÉTUDE SDR LE PATOIS LYONNAIS.

   Le poëte épicurien ne se pique pas, on leJsait, d'un lourd
bagage scientifique ; quatre ou cinq idées tout au plus,
auxquelles il revient sans cesse, mais qu'il sait varier
avec un art infini: le repos, la paix, la quiétude et le con-
tentement d'esprit, une douce et agréable médiocrité, vivre
et jouir au jour le jour, sans souci du lendemain. Que si,
à cela, les dieux ont ajouté l'amitié d'un grand homme, le
sourire et le doux parler de Lalagé, qu'a le ciel de plus à
donner aux mortels ?
         Integer vitœ sccelcrisque punis.. , (1)
         Pone me pigris ubi nulla campis
         Arbor œstivâ recreatur aura ;
  '       Quod latus sniindi nebulte malusqite
              Jupiter urget ;

         J'one sub curru nùmts projrinqui
         Solis, in terra domibus negatâ,
         Dulce ridentem Lalagen amabo,
               Duke loqucntcm.

      Qu'o me plaçaise ous champs que lo solaï dévore,
      So lo polo gliaci, qu'inseveliet la net ;
      Din celos champs ingrats onte o fat toujor fret:
      Que je seiais'agi, corbô, tôt joïn'incorc ;

      Que je sciaiza pouro, o comblé de richessa ;
      Dins ina pour'etrobla o lo palais dous rais ;
      Que ma via se passaise in joie o in tristessa ;
      Que mos is seian uerts, o sarrôs par jamais ;

      Que mon corps seie libro, o rivô à la chaina;
      Que je seiaîz'in terra, inl'abimo, ous ciers ;
      O plongi chi Plu ton ou fin fond dous enfers ;

      Que mon nom seie illustro, o qu'a survive à peina,
      J'amaraï Lalagé, dou doux parlé la raina,
      Et son riro si douxqne m'inspire mos vers.

  (1) Hor. L I. od. 22.