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154 ÉTUDE SUR LE PATOIS LYONNAIS. La langue Moldo-Valaque ou Roumaine nous offre l'exemple d'une transition à ce transfert du signe de décli- naison : chez elle l'article est distinct, bien qu'encore accollé à la fin, omul, l'homme; reu'l, (patois, lo rieu) le ruis- seau ; floare a, la fleur. De là à l'antéposition de l'article il n'y a pour ainsi dire qu'un pas. Pour les verbes c'est déjà chose faite, io cant, io cerce, je chante, je cherche. Même chose pour le basque, que l'ont croit importé de la haute Asie : guison a, l'homme, emacume a, la femme, ur garbi a, eau claire la (1). (1) Nul doute que la langue basque, parlée par un peuple qui, à un mo- ment donné, a eu son importance, n'ait influé puissamment sur celles des nations voisines. Construction grammaticale à part, on retrouve dans les désinences des substantifs et adjectifs de nos dialectes romans, de nom- breuses analogies avec le basque. M'appcsantir sur ce sujet, serait sortir du cadre que je me suis tracé ; je ne puis toutefois me refuser à en offrir à mon lecteur quelques exemples : Giùz, guizon, guizon a, en Celle gars, gas, garçon, gascon, gai, gaël, gaëlli (galli), l'homme, le jeune homme, vir; acume a. la femme ; (nostras jacume, jacumet, jacumelta, la femme de Jacques, Jacqueline). L'es, si commun dans l'espagnol et le gascon, se retrouve à tout bout de champ dans le basque, ezarez, cuminez etc. A ou ae, marquant le féminin, reparaît dans une foule de locutions gasconnes marquant des noms de femme ou de ferme, Martignac, Buzensac, La Martine, la Buzcnce. Prononcé è, il a fait le breton êc, Laënnec, Ker- karadec, Mériadec. Le génitif pluriel basque en arenc, se retrouve dans les locations bre- tonnes, Martinnenq, Buzarencq, des Martincs, des Buzences. Du basque ur, 'eau, on a fait uriner, répandre de l'eau; cer, cer u, a fail cier, le ciel ; culliar. quelir, cullir ; de escu, main on a fait le mot français, escu, et ccu, escuyer, écuyer, porteur d'éeu, petit bouclier qui se tenait à la main. Ogui, pain, gratifié du v euphonique, a fait vogue, fête, réjouissance publique; dans laquelle figure comme principal le repas pantagruélique oblige de touie fête à la campagne. Garbi, clair, lim- pide, a fait l'italien garbo, joli, que l'on retrouve dans les noms propres français , Garbit, Garbet; liurr u, la tête, au figuré velu, hérissé, a fait le mot patois borru, en français bourru, un homme d'humeur maussade, dif-